Le programme OFR en Europe et aux États-Unis

Saviez-vous que la Surfrider Foundation mène un programme Ocean Friendly Restaurants (OFR) aux États-Unis et en Europe ?
Ces programmes visent à réduire la pollution plastique à la source en aidant les restaurants à éliminer les plastiques à usage unique inutiles. Ensemble, ils sensibilisent le public à cette problématique.

L’histoire du programme

Aux US

Le programme Ocean Friendly Restaurants a été lancé pour la première fois aux États-Unis en 2013 par le groupe local de Surfrider à Huntington Beach, en Californie. Le programme s’est rapidement étendu dans le sud de la Californie et à Hawaï, devenant une campagne reconnu à l’échelle nationale en 2018. Aujourd’hui, plus de 580 restaurants participent dans 32 États, ainsi qu’à wPorto Rico et dans les Îles Vierges des États-Unis.

En Europe

Ocean Friendly Restaurants a été mis en œuvre en Europe en 2018 en adaptant le programme original lancé par Surfrider U.S. à un contexte plus européen. Aujourd’hui, 131 restaurants participent dans 7 pays : la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark, le Portugal, l’Espagne et la Bulgarie.

Contexte législatif - Plastic Reduction Laws

La plus grande différence entre les deux programmes OFR réside dans le fait qu’en Europe, une directive sur le plastique a été adoptée, visant à éliminer les plastiques à usage unique dans l’ensemble des pays de l’Union européenne, tandis qu’aux États-Unis, les lois sur la réduction du plastique sont mises en place par les États et les collectivités locales. Cela est important à souligner, car cela influence directement les critères du programme.

En Europe

En 2020, l’Europe a adopté la directive sur les plastiques à usage unique, le Règlement sur les déchets d’emballages, ainsi que la Loi anti-gaspillage pour une économie circulaire. Cette loi vise à lutter contre le gaspillage alimentaire et à encourager une gestion des déchets plus durable, tout en impliquant un changement dans les méthodes de production et d’approvisionnement. La promotion d’ingrédients alimentaires durables et de qualité figure également parmi les priorités de cette loi.

Depuis le 1er janvier 2023, la loi interdit la vaisselle jetable dans les chaînes de restauration rapide pour la consommation sur place. La France fait partie des meilleurs élèves en matière de mise en œuvre de la directive SUP (Single Use Plastic), qui interdit, au sein de l’Union européenne, de nombreux plastiques conçus pour être jetés directement après usage. Parmi ses objectifs, la France s’est engagée à réduire de 20 % les emballages plastiques à usage unique d’ici fin 2025, notamment grâce au réemploi et au recyclage.

Tous les Ocean Friendly Restaurants sont soumis à des règles de plus en plus strictes, ce qui oblige Surfrider à fournir un accompagnement renforcé afin de garantir une transformation durable de leurs pratiques.

Cependant, ces réglementations européennes ne sont pas appliquées de manière uniforme dans tous les pays. Certains accusent un retard important et font peu d’efforts pour réduire l’utilisation du plastique à usage unique, se contentant du strict minimum imposé par la directive. Les campagnes de sensibilisation et leur impact sont également très variables selon les pays, ce qui influence le changement de comportement qu’elles sont censées encourager.

Aux US

De manière générale, les États-Unis accusent un retard par rapport à l’Europe en matière de politiques de réduction du plastique au niveau national. Ce sont plutôt les États et les villes individuellement qui ont pris l’initiative sur cette question.
À ce jour, douze États, dont la Californie et l’Oregon, ont interdit les sacs plastiques. Environ onze États ont interdit la vaisselle alimentaire en polystyrène expansé, notamment le Maine, le Rhode Island et l’État de Washington. Le New Hampshire, l’Illinois, la Californie et d’autres encore imposent que les pailles ne soient fournies que sur demande. New York, la Californie et Washington ont interdit les petits flacons de toilette dans les hôtels. Enfin, dix États, dont la Floride, ont interdit le lâcher intentionnel de ballons. Par ailleurs, des centaines de villes ont interdit divers articles en plastique à leur échelle locale.

Vous pouvez explorer la base de données mondiale sur les lois relatives au plastique (Global Plastic Laws Database), un outil de suivi piloté par Surfrider pour les lois en vigueur aux États-Unis.

Depuis 2007, les militants de terrain dévoués de Surfrider Foundation ont contribué à l’adoption de plus de 370 lois de prévention de la pollution plastique aux niveaux local, étatique et fédéral !

Nos Ocean Friendly Restaurants jouent également un rôle majeur dans cette dynamique, en représentant une communauté d’entreprises qui éliminent volontairement les plastiques à usage unique dans leurs opérations. Certains propriétaires de restaurants sont même allés témoigner en faveur de politiques de réduction du plastique lors de réunions de conseils municipaux, et ont signé des lettres pour inciter les législateurs à agir contre la pollution plastique.

Comme il n’existe pas de directive nationale interdisant le plastique à usage unique, les Ocean Friendly Restaurants des différents États sont soumis à des réglementations différentes en matière de plastique à usage unique. En outre, les États ont leurs propres contextes politiques et culturels, mais OFR est un programme efficace pour parler de la prévention de la pollution plastique et la présenter en action, où que ce soit. Avec plus de 80 sections et 100 clubs d’étudiants à travers le pays, Surfrider est particulièrement bien placé pour aider les entreprises de leur communauté à abandonner le plastique à usage unique. Surfrider soutient les restaurants en leur fournissant un cadre simple et direct ainsi que des ressources pour les aider à faire les meilleurs choix pour leur entreprise.

Les critères de la campagne

Les deux programmes ont des critères similaires axés sur l’élimination du polystyrène et des bouteilles en plastique et sur l’incitation à la réutilisation et au réemploi. Cependant, certains critères diffèrent en fonction des différents paysages politiques mentionnés ci-dessus.

Aux US

Ces critères ont été élaborés sur la base des articles en plastique à usage unique les plus fréquemment trouvés lors des collectes de déchets effectués par Surfrider et de la politique en matière de produits alimentaires en vigueur aux États-Unis. Nous voulons nous assurer que les critères peuvent s’appliquer à tous les États du pays, tout en faisant avancer la réduction du plastique à usage unique dans les entreprises.

Les restaurants doivent respecter sept critères obligatoires :

1. Seuls des ustensiles réutilisables sont utilisés pour les repas pris sur place.
2. Des pailles en papier ou d’origine naturelle ne sont fournies que sur demande.
3. Pas d’utilisation de polystyrène expansé (Styrofoam).
4. Aucun sac en plastique n’est utilisé pour les commandes à emporter.
5. Les ustensiles, pailles, condiments et autres accessoires à usage unique ne sont fournis que sur demande.
6. Les boissons ne sont pas vendues dans des bouteilles en plastique.
7. Les bonnes pratiques de recyclage sont respectées.

Et au moins trois critères facultatifs comme par exemple une réduction est offerte aux clients qui apportent un article réutilisable, des options végétariennes et végétaliennes sont régulièrement proposées, tous les produits de la mer sont de « meilleur choix » ou de « bonne alternative », selon la définition de Seafood Watch, ou sont certifiés durables, ou encore des efforts de conservation de l’eau et d’atténuation de la pollution sont mis en œuvre.

En Europe

Les critères en Europe s’alignent sur la directive sur les plastiques à usage unique : ils se concentrent sur les déchets, le transport des marchandises, les méthodes de production et les chaînes d’approvisionnement. Ils prennent en compte tous les impacts négatifs liés aux activités de restauration, afin de repenser la gestion environnementale des établissements dans une approche globale, et pas seulement en se concentrant sur la gestion des déchets.

De plus, les critères répondent à une réelle demande des consommateurs de choisir des restaurants éco-responsables, les encourageant à s’engager dans un processus d’amélioration continue. Notre programme est mis en œuvre dans plusieurs pays européens, nous voulions donc offrir une variété d’options et d’idées pour s’inscrire dans un processus d’amélioration continue.

Les restaurants doivent respecter 9 critères obligatoires :

  1. Pas d’utilisation de polystyrène expansé ou de plastique à usage unique
  2. La plupart des plats sont préparés avec des produits locaux, de saison ou biologiques
  3. Pas d’espèces menacées au menu
  4. Pas d’utilisation de bouteilles en plastique pour les boissons sur place
  5. Les pratiques de recyclage et le tri des déchets sont respectés
  6. Les biodéchets sont triés et recyclés
  7. Des cendriers ou des poubelles sont disponibles à l’extérieur du restaurant
  8. Des produits de nettoyage écologiques sont utilisés
  9. Au moins une option végétarienne est proposée au menu

 

Et choisir 7 critères dans une liste de 22 critères parmi lesquels : pas de bouteille en plastique pour les boissons à emporter,  pas de serviette en papier pour la restauration sur place, la vaisselle et le mobilier ont été acheté de seconde main (en majorité) etc.

Les critères de la campagne

En Europe

Les coûts peuvent être un défi pour les restaurateurs comme pour leurs clients. Pour les restaurateurs, il y a des coûts liés à la mise en conformité et aux efforts supplémentaires nécessaires pour s’adapter à la transition écologique du secteur. De plus, le contexte économique inflationniste n’incite pas les consommateurs à payer plus cher pour un repas préparé avec des produits de qualité, malgré une large prise de conscience des enjeux environnementaux et sociaux liés à l’alimentation durable. Il faut donc recréer des liens entre les acteurs et remettre l’écologie au cœur des choix de consommation.

En Europe, tous les pays ne sont pas au même stade de la démarche environnementale et les obligations sur les emballages varient en fonction des moyens et du niveau de sensibilisation de chaque pays.
L’harmonisation de la charte au niveau européen a entraîné des disparités dans son application, ce qui explique en partie l’augmentation du nombre d’OFR dans certains pays, où la réglementation est plus restrictive et où la prise de conscience collective des enjeux environnementaux est plus forte.

Aux États-Unis

Les coûts peuvent également représenter un défi pour les restaurants aux États-Unis.
Les produits en plastique à usage unique sont moins chers que les alternatives non plastiques, et parfois, le coût des alternatives sans plastique ou des produits réutilisables est trop élevé pour les gérant.e.s des restaurants. Le recyclage reste une méthode de gestion des déchets peu fiable aux États-Unis, et en 2021, le taux de recyclage est tombé à 5-6 %.

La plupart des villes ne disposent toujours pas d’installations de compostage industriel nécessaires pour traiter certains produits compostables ou en bioplastique.
Un autre grand défi est le greenwashing, lorsque des entreprises commercialisent et mettent en avant leurs produits comme étant écologiques sans qu’ils ne diminuent réellement l’impact environnement. Les restaurants peuvent se sentir dépassés par les différents labels attribués aux produits et, pour ne rien arranger, ces produits issus du greenwashing coûtent plus cher aux entreprises.

Heureusement, Surfrider propose une multitude de ressources pour aider les restaurants à surmonter ces défis.
Avant tout, le programme Ocean Friendly Restaurants est entièrement gratuit. Nous avons récemment publié le Guide 2.0 des Produits Alimentaires Respectueux de l’Océan, conçu pour aider les restaurants à éviter le greenwashing et à choisir les meilleurs produits écologiques pour leur activité. Surfrider collabore également avec des marques qui proposent des produits durables afin d’offrir des réductions exclusives à nos restaurants partenaires.

Nous avons aussi publié des études de cas montrant comment l’élimination du plastique à usage unique peut faire économiser de l’argent aux restaurants. Par exemple, The Tiny Turtle à Cocoa Beach, en Floride, économise plus de 3 000 $ par an en n’offrant des pailles en papier que sur demande. Mitch’s Seafood, à San Diego, en Californie, économise plus de 4 000 $ par an en remplaçant les ramequins et verres à vin jetables en plastique par des alternatives réutilisables. Même si le coût initial des produits réutilisables ou en papier peut être plus élevé, cela peut permettre aux restaurants de faire des économies sur le long terme.

Les critères de la campagne

Aux États-Unis

Notre objectif est d’atteindre 700 restaurants signataires d’ici la fin de l’année 2025 et d’augmenter la participation des entreprises à notre travail de plaidoyer politique.
Rien que le mois dernier, 49 restaurants Ocean Friendly (OFR) ont signé une lettre exhortant l’État de Californie à faire avancer un projet de loi historique sur la réduction du plastique. Nous espérons maintenir cette dynamique pour faire adopter des politiques fortes de réduction des plastiques.

Surfrider vient également de lancer le programme Ocean Friendly Hotels qui vise à aider les hôtels à réduire leur utilisation de plastique à usage unique et à mettre en avant encore plus d’entreprises engagées dans la lutte contre la pollution plastique.
Nous comptons déjà 27 hôtels participants dans 6 États, ce qui a permis d’économiser environ 1 million de bouteilles d’eau en plastique et 1,6 million de petites bouteilles de toilette par an. Nous espérons accueillir 100 hôtels dans les 5 prochaines années.

En Europe

Notre objectif est de renforcer la communauté OFR au niveau local afin de permettre aux restaurateurs de partager les meilleures pratiques et de s’inspirer les uns des autres, ainsi que de sensibiliser davantage les consommateurs

Les restaurants proche de chez vous sont-ils Ocean Friendly ? Si ce n’est pas le cas, encouragez-les à rejoindre le mouvement pour qu’ils œuvrent à nos côtés pour réduire leur impact environnemental !

Table des matières

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