Communiqué de presse 05.11.2025 | Pour diffusion immédiate
Encore méconnus du grand public, les écosystèmes dits de Carbone Bleu font partie des écosystèmes les plus menacés au monde. Pour financer leur conservation, les acteurs politiques et économiques s’accordent sur le besoin de créer des crédits carbone bleu. Dans sa nouvelle étude, Surfrider montre que l’image positive renvoyée par les discours politiques actuels occulte les nombreuses interrogations, notamment scientifiques, sur la viabilité de cette solution marchande.
Que sont les écosystèmes dits de “Carbone Bleu” ?
Depuis la fin des années 2010, les prés salés, les herbiers marins et les mangroves sont qualifiés « d’écosystèmes de carbone bleu ». Cette appellation met en avant leur capacité commune à capter et séquestrer du carbone atmosphérique. Ils sont notamment reconnus pour leur grande efficacité liée à leur capacité à séquestrer 40 fois plus de carbone que les forêts. C’est pourquoi la destruction de 340 000 à 980 000 hectares d’écosystèmes de « carbone bleu » chaque année dans le monde ne peuvent que susciter l’inquiétude. Leur destruction libère dans l’atmosphère du carbone enfoui depuis de très nombreuses années et participe donc au réchauffement climatique.
Cependant, ces écosystèmes ne peuvent être réduits à leur capacité à séquestrer du carbone. En effet, ce sont aussi des refuges pour la biodiversité, des remparts contre l’érosion et la submersion et des “filtres” améliorant la qualité de l’eau. Ces services écosystémiques sont parfois oubliés dans les discours “tout carbone”, qui s’attardent seulement sur la capacité de ces écosystèmes à compenser une partie des émissions anthropiques de gaz à effet de serre.
Surfrider et le Carbone Bleu : une expertise scientifique concrète
En 2023, l’ONG signe son guide d’action locale à destination des collectivités qui vulgarise, pour les décideurs politiques locaux, les connaissances scientifiques sur les écosystèmes dits de “carbone bleu”. Ce guide, toujours d’actualité, cherche à aiguiller les collectivités qui possèdent ces écosystèmes vers des bonnes pratiques à mettre en place pour les préserver et les restaurer.
Pour Surfrider les grandes étapes détaillées dans ce livret permettent d’agir concrètement au niveau local pour sauvegarder “les écosystèmes de carbone bleu, qui fournissent de nombreux services écosystémiques, contribuent aux stratégies d’adaptation et sont des alliés des territoires” écrivent Rémy Moreau et Adeline Plé, co-auteurs du guide.
Le développement des crédits carbone bleu : Surfrider dénonce une voie vers la mal adaptation
Un accord sur la cible climatique 2040 a été conclu ce 5 novembre par les ministres de l’environnement des Vingt-sept, avec l’appui de la France afin que 5% de la cible de réduction des émissions de gaz se fasse via le recours crédits carbone. Cet accord montre que l’utilisation de crédits carbone détourne les efforts de réduction des émissions à la source.
C’est dans ce contexte que Surfrider rend public son nouveau rapport d’enquête, à destination des décideurs européens sur les crédits carbone bleu.
Échangés sur un marché pour permettre de financer des actions de protection et de restauration des écosystèmes de “carbone bleu”, ils sont aujourd’hui fortement plébiscités par des acteurs politiques et économiques. La présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré, en juin dernier lors de la présentation du Pacte pour l’Océan, supporter « les communautés côtières via la création de nouveaux business model […] incluant les réserves de carbone bleu européenne ».
À travers cette enquête, l’ONG a analysé les visions de différents acteurs européens sur ce sujet. Les résultats montrent que sur le terrain, les approches sont souvent plus nuancées que l’image positive renvoyée par les discours politiques et économiques actuels. En effet, sur les 19 personnes interrogées, 8 sont favorables ou plutôt favorables à leur développement quand 7 sont défavorables ou plutôt défavorables. Au-delà de ce clivage, il existe un consensus sur le fait qu’implémenter ces crédits carbone bleu demandera de relever de nombreux défis. Cette voie d’adaptation n’est donc pas aussi linéaire que le laissent transparaitre les discours dominants.
Les scientifiques et les acteurs locaux soulèvent notamment la question de la marchandisation de la nature et de l’effectivité réelle de cette forme de conservation seulement axée sur la capacité des écosystèmes à stocker du carbone.
Cette étude de Surfrider cherche donc à nuancer la vision plutôt positive aujourd’hui portée dans les discours politiques et économiques, en montrant que les crédits carbone bleu ne font pas consensus et qu’ils soulèvent des interrogations.
En somme, « Les crédits carbone bleu ne peuvent pas être la solution pour la protection des écosystèmes concernés. Ils ne peuvent pas remplacer des politiques publiques limitant les pratiques nocives pour l’environnement ou soutenant la régénération des écosystèmes” déclare Rémy Moreau, chef de projet Carbone Bleu pour Surfrider.
Notes à l’éditeur :
- Lien vers l’article détaillant les caractéristiques des écosystèmes de Carbone bleu.
- Le guide d’action locale de Surfrider publié en 2023
- Ce 5 novembre 2025, Surfrider publie un rapport sur la perception des crédits carbone bleu par des acteurs européens.
- Podcast “La Séquestration du Carbone Bleu” avec Rémy Moreau, chef de projet Carbone Bleu
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