
Quelques semaines après la publication du rapport annuel sur la qualité des eaux de baignade en Europe, il a finalement été révélé aujourd’hui que la Commission européenne n’entamerait pas de révision formelle de la directive 2006/7/EC. L’ONG de protection de l’Océan Surfrider Foundation Europe, mobilisée depuis 2019 pour une révision ambitieuse, réagit avec déception face à cette décision qu’elle juge incompréhensible et insuffisante au regard des enjeux sanitaires et environnementaux.
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Surfrider Foundation déplore l’inaction de la Commission sur la protection des eaux de baignade et ses usagers
La Commission européenne a confirmé qu’elle ne juge pas prioritaire d’ouvrir une révision de la Directive concernant la gestion de la qualité des eaux de baignade, pourtant attendue depuis de nombreuses années par les acteurs de la protection de l’Océan, dont Surfrider Foundation Europe.
L’ONG juge cette décision incompréhensible : la Commission avait elle-même initié une évaluation approfondie de cette directive dont les conclusions ont été révélées en mars dernier. Paradoxalement, plusieurs conclusions de ce rapport mettait en évidence le fait qu’une révision serait la bienvenue afin de mieux intégrer les nouveaux enjeux environnementaux et sanitaires.
Aujourd’hui, Surfrider regrette le manque de considération de la Commission envers l’importance cruciale de protéger à la fois les écosystèmes aquatiques impactés par d’innombrables sources de pollution, et la santé des millions d’usagers des eaux récréatives tout au long de l’année.
« En refusant d’ouvrir la révision de la directive, la Commission tourne le dos à des années de mobilisation des acteurs de la protection de l’Océan et à ses propres constats. Alors que les pressions sur les milieux aquatiques s’intensifient et que les risques pour la santé des usagers se multiplient, maintenir le statu quo n’est pas une solution envisageable. Nous avons besoin d’un cadre juridique à la hauteur des enjeux environnementaux et sanitaires auxquels nous faisons face » dénonce Lucille Labayle, chargée de plaidoyer qualité de l’eau et santé pour l’association.
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Depuis 2019, une mobilisation patiemment construite
Depuis 2019, Surfrider Foundation Europe, aux côtés de ses partenaires, porte sans relâche la nécessité de réviser la directive sur les eaux de baignade (Directive 2006/7/EC). Campagnes de sensibilisation, d’analyses complémentaires de l’eau, participation active aux réunions d’experts, actions de plaidoyer à Bruxelles, mobilisation bénévole au travers d’actions de terrain : l’ONG s’est investie à tous les niveaux pour faire entendre l’urgence d’une réforme ambitieuse.
Dès 2020, Surfrider remettait officiellement à la Commission européenne son Manifeste pour des eaux saines, dans lequel formulait sept recommandations concrètes comprenant notamment l’extension des zones surveillées, la mise en place d’un contrôle tout au long de l’année, mais aussi l’intégration de nouveaux paramètres de suivi reflétant l’étendue des pollutions affectant les sites récréatifs (prolifération de blooms algaux, déchets, polluants émergents…) et des mesures assurant une meilleure prévention de ces pollutions à la source.
En 2022, la Commission européenne avait annoncé le report de la publication de sa proposition de révision, lors de la conférence de validation organisée pour clôturer les consultations. Surfrider avait alors dénoncé ce recul et réaffirmé son engagement total pour une directive plus ambitieuse.
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Une directive dépassée face aux enjeux actuels
Aujourd’hui le Danemark a décidé de marquer le début de sa présidence tournante du Conseil de l’Union Européenne avec un signal fort, en plaçant les risques liés à la pollution par les PFAS au cœur des débats. Lors de la réunion informelle des ministres de l’environnement organisée à Aalborg ce 10 et 11 juillet, le ministre danois va jusqu’à proposer à ses homologues de se soumettre eux-mêmes à un test sanguin afin de sensibiliser et alerter sur les risques sanitaires auxquels nous faisons face. A l’inverse, nous assistons à la décision de la Commission de ne pas réviser la Directive sur la qualité des eaux de baignade. Ce paradoxe souligne encore une fois le besoin impérieux d’élargir les paramètres de surveillance et de réviser ce texte qui néglige totalement ces risques émergents.
Sur les sept recommandations portées par Surfrider dans son Manifeste pour des eaux saines, une large majorité est parfaitement alignée avec les conclusions de l’évaluation officielle de la Commission, démontrant la pertinence d’une réouverture du texte. Surfrider exprime sa frustration face à ce constat. « Le rapport reconnaît la nécessité d’un niveau de protection environnementale et sanitaire plus cohérent, d’une surveillance adaptée à la réalité des pratiques et des risques d’exposition qu’ils accompagnent, d’un contrôle à l’année ainsi que d’une information et une participation du public plus harmonisée systématique — autant d’enjeux et de demandes portées par Surfrider Foundation depuis des années » souligne Lucille Labayle.
Ces conclusions soulignent la nécessité urgente d’adapter la Directive sur les eaux de baignade aux enjeux actuels, tels que la présence croissante de nouveaux polluants, les effets du changement climatique et l’évolution des usages récréatifs. Le cadre actuel, trop limité, ne reflète plus la réalité des risques sanitaires et environnementaux. Il est en ce sens essentiel d’élargir son périmètre et d’adopter une approche globale en phase avec le principe “One Health”, en harmonisant les réglementations sur l’Eau en lien avec l’environnement et la santé.
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Surfrider appelle sa communauté à se mobiliser
Malgré cette décision décevante, Surfrider Foundation Europe reste pleinement mobilisée. L’ONG poursuit ses actions pour défendre la protection de l’Océan et la santé des millions d’Européens qui en profitent chaque jour. Elle invite aujourd’hui tous les citoyens, baigneurs et pratiquants nautiques, à rejoindre ce combat pour une révision ambitieuse et immédiate de la directive.
L’ONG appelle sa communauté à s’opposer fermement à cette décision, et affirme qu’elle poursuivra sans relâche sa campagne de plaidoyer et ses efforts de mobilisation afin de maintenir la pression sur les institutions européennes et les appeler à garantir une eau saine pour toutes et tous, aujourd’hui comme pour les générations futures.
Pour aller plus loin :
- Sur la qualité des eaux de Baignade : https://www.surfrider.fr/press/le-nouveau-rapport-annuel-sur-la-qualite-des-eaux-de-baignade-entretient-le-flou-sur-la-revision-de-la-directive/
- Rapport évaluation : https://www.surfrider.fr/press/evaluation-de-la-directive-sur-les-eaux-de-baigna.de-un-message-porteur-despoir-qui-doit-encore-se-traduire-en-actions-concretes/
- Le manifeste de Surfrider Foundation Europe : https://www.surfrider.fr/wp-content/uploads/2023/07/manifesto_healthy_waters_surfrider.pdf
- La déception de Surfrider face au report initial de 2022 : https://www.surfrider.fr/wp-content/uploads/2022/11/cp_reaction_report_bwd_en.pdf
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Nous restons à la disposition des journalistes pour toute demande d’information ou d’interview.
A propos de Surfrider Foundation Europe L’ONG Surfrider Foundation est un collectif d’activistes positifs qui agit concrètement sur le terrain au quotidien pour transmettre aux générations futures un Océan préservé. Notre mission : Porter haut et fort la voix de l’Océan ! Nos armes ? Sensibiliser et mobiliser les citoyens, enfants comme adultes (notamment grâce à une cinquantaine d’antennes bénévoles dans toute l’Europe), utiliser notre expertise scientifique pour porter des actions de lobbying et transformer les entreprises. Découvrez l’association sur https://surfrider.eu/ ou via cette vidéo |
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