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Les scrubbers : moins de rejets atmosphériques pour plus de rejets en mer

Un dispositif mis en place par les armateurs pour continuer à utiliser du fioul lourd 

Alors que la législation européenne et internationale se durcit en matière de lutte contre les émissions de soufre dans l’atmosphère, le fioul lourd représente encore 70% de la consommation de carburant totale dans le transport maritime mondial. Ce fioul lourd n’est compatible avec la nouvelle réglementation que par l’utilisation à bord de scrubbers.  

Le scrubber est un dispositif installé dans les cheminées qui filtre les fumées d’échappement des moteurs. Les fumées sont ensuite mises en contact avec de l’eau qui absorbe les polluants gazeux qu’elles contiennent. Les fumées propres partent ensuite dans l’atmosphère. L’eau sale est soit rejetée directement à la mer pour les scrubbers à boucle ouverte, soit stockée et traitée à terre pour les systèmes en boucle fermée.

D’après un nouveau rapport publié par l’ICCT (International Council on Clean Transportation) :

*Nombre de navires avec scrubbers

Pour découvrir le rapport complet (en anglais) : Air emissions and water pollution discharges from ship with scrubbers.

Surfrider Europe se positionne contre les scrubbers à boucle ouverte 

Plusieurs études montrent les conséquences néfastes de l’utilisation des scrubbers pour l’environnement marin. Le rapport présenté par le Swedish Environmental Research Institute à l’Organisation maritime internationale en janvier 2020 montre la toxicité de l’eau rejetée en mer par les scrubbers à système ouvert sur la biodiversité marine, accrue par l’effet combiné des différents polluants présents. Le rapport du Conseil international pour l’exploitation de la Mer sur les eaux de scrubbers publié cet automne en arrive aux mêmes conclusions, pointant du doigt la mortalité immédiate du plancton. Des effets à plus long terme liés à la bioaccumulation, à l’acidification et à l’eutrophisation des polluants dans le milieu marin accentuent l’impact des eaux de scrubbers sur la biodiversité. Enfin, la dernière étude de l’Agence européenne de sécurité maritime (EMSA) estime que 78% des eaux de navires rejetées en mer proviennent des systèmes à boucle ouverte.

Dans cette optique, Surfrider Foundation Europe continue de militer pour l’interdiction des scrubbers à boucle ouverte sur les navires. C’est notamment un des critères d’évaluation du label Green Marine Europe dès cette année 2020.

Des avancées législatives encourageantes

Les études scientifiques se traduisent par des avancées législatives à l’échelle européenne. L’eurodéputée Karima Delli a notamment présenté à Bruxelles un rapport d’initiatives proposant la fin de l’utilisation des scrubbers à boucle ouverte, et le Parlement s’est prononcé en faveur d’une interdiction progressive.

Le règlement MRV sur la surveillance des émissions de CO2 du transport maritime a également été enrichi récemment par un amendement pour renforcer les sanctions contre le dégazage en mer, donc le rejet d’eaux souillées des navires, adopté sous la houlette de l’eurodéputée et ancienne navigatrice Catherine Chabaud.

Enfin, la Mission Starfish de la Commission Européenne prévoit d’interdire d’ici à 2025 l’accès des navires équipés scrubbers à boucle ouverte aux eaux européennes.

Le combat contre les émissions atmosphériques du transport maritime continue

Surfrider Europe continue à agir pour lutter contre la pollution de l’air issue du transport maritime. A ce titre, l’association soutient l’adoption de nouvelles zones d’émissions contrôlées (SECA), dans lesquelles le taux de soufre rejeté est limité à 0,1% en masse, contre 0,5% ailleurs. Ces zones SECA sont primordiales notamment en mer Méditerranée, particulièrement vulnérable du fait de sa biodiversité marine unique.

L’ONG mène également une action contentieuse dans le cadre du programme Surfrider Coastal Defenders, et se porte partie civile à chaque nouvelle infraction à la réglementation. L’action en cours concerne le navire MS Azura, contrôlé en 2018 à Marseille avec un taux de soufre supérieur à celui du Code de l’environnement, dont le procès en Cassation est attendu pour 2021.

Les scrubbers en général et les scrubbers à boucle ouverte restent aujourd’hui encore la principale solution de repli pour les armateurs afin de continuer à utiliser du fioul lourd. Ses conséquences néfastes pour l’environnement marin restent nombreuses, ce pourquoi il est urgent d’enclencher une transition énergétique vers l’utilisation de carburants alternatifs décarbonés dans le transport maritime.