rapport annuel 2024

Agir pour un environnement aquatique sain

En 2024, Surfrider Foundation Europe a poursuivi et intensifié son action pour la préservation de la qualité de l’eau, un enjeu au cœur de sa mission depuis plus de 30 ans. Qu’il s’agisse de rivières, de lacs ou de l’Océan, nous avons mobilisé tous nos leviers – expertise scientifique, plaidoyer, mobilisation citoyenne et sensibilisation – pour la protection des écosystèmes aquatiques et pour que chacun puisse accéder à une eau propre, sans risque pour la santé.

 

Cette année, un pas décisif a d’ailleurs été franchi au niveau européen avec l’adoption de la Directive (Directive (UE) 2024/3019) sur le traitement des eaux urbaines résiduaires. Fruit d’un long processus législatif que Surfrider a influencé autant que possible, cette Directive (Directive (UE) 2024/3019) impose désormais des normes plus strictes pour la gestion et le traitement des eaux usées urbaines, ainsi que des mesures renforcées pour prévenir les risques de débordements liées eaux pluviales.
Elle intègre également de nouveaux enjeux clés pour la pollution en particulier grâce à l’introduction d’une nouvelle phase de traitement quaternaire obligatoire pour toutes les stations d’épuration à partir d’un certain seuil, afin de garantir leur capacité à éliminer les micropolluants. Afin de soutenir les nouvelles dépenses générées par ce type de traitement, la Directive introduit pour la première l’application du principe pollueur payeur à l’attention des industries pharmaceutiques et cosmétiques considérées comme principales contributrices à la pollution chimique de nos eaux usées.

Le renforcement de la vigilance de Surfrider sur les pollutions de l’eau s’est également traduit par un accompagnement ciblé de ses entités nationales. En Allemagne notamment, un Water Quality Workshop a ainsi été organisé, réunissant représentants des autorités locales et nationales, ONG partenaires et scientifiques. Cet atelier, soutenu par le siège européen aux côtés de l’entité allemande, a permis d’aborder les enjeux de la baignade en milieu urbain, notamment dans les lacs et rivières, tout en sensibilisant les acteurs locaux à l’importance des actions portées par Surfrider dans la lutte contre les pollutions qu’elles quelles soient.

Un été sous surveillance : qualité de l’eau et Jeux Olympiques et Paralympiques

La question de la qualité de l’eau a occupé une place centrale dans le débat public à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, et Surfrider Foundation Europe y a pris toute sa part.

Consciente que la qualité de l’eau constitue un véritable enjeu de santé publique et forte d’une expertise de plus de 20 ans et d’un Manifeste établissant des demandes claires sur le sujet, l’ONG a débuté, dès la fin d’année 2023, une campagne indépendante de prélèvements d’eau dans la Seine avant d’intensifier ces prélèvements à l’approche des JOP.

Les premiers résultats confirmant nos préoccupations ont été publiés en avril : les niveaux de qualité de l’eau n’étaient pas encore convenables au regard des exigences sanitaires fixées par l’ARS ou les fédérations sportives.

Ces données ont eu un fort retentissement médiatique, et ont permis de développer la notoriété de Surfrider et de valoriser considérablement notre expertise sur les sujets liés à la qualité de l’eau et les différentes sources de pollution, notamment bactériologique. Grâce à cette initiative, nous avons mis en avant les défis liés à la surveillance des eaux de baignade en milieu urbain et offert aux citoyens l’opportunité de s’approprier un sujet jusqu’alors peu abordé et qui est amené à devenir d’autant plus stratégique que la sortie d’une proposition de révision de la Directive sur la qualité des eaux de baignade se fait toujours attendre.

En complément de ce suivi, et dans le but de collecter des données tout en poursuivant nos actions de sensibilisation et de plaidoyer local, nos équipes ont accompagné plusieurs membres du programme Surfrider Blue dans l’échantillonnage de l’eau sur leur spot nautique favori afin de détecter d’éventuelles contaminations bactériologiques et d’initier des discussions avec les acteurs territoriaux.

Enfin, nous avons poursuivi le suivi continu de la qualité de l’eau du spot de Matosinhos, au Portugal. Ce travail, réalisé tout au long de l’année, fera d’ailleurs l’objet d’une publication dédiée en 2025, contribuant à une meilleure information des usagers et à une vigilance accrue sur cet espace sensible.

Mieux comprendre les pollutions biologiques : le cas Ostreopsis

Depuis plusieurs années maintenant, la prolifération de l’algue toxique Ostreopsis constitue un enjeu sanitaire et environnemental majeur. Particulièrement impliqué dans cette problématique, Surfrider a poursuivi, en 2024, son dispositif de suivi d’Ostreopsis en Méditerranée et sur les côtes atlantiques. Plus de 120 données ont été collectées durant la saison, permettant d’observer des pics significatifs de présence de l’algue toxique.
Au Pays basque, une cellule de consultation médicale a été mise en place en lien avec les autorités sanitaires, et plus de 350 témoignages ont été recueillis auprès des usagers du littoral durant un mois et demi d’enquête ouverte.

Pour maintenir les efforts de sensibilisation et informer les usagers des zones concernées par la présence d’Ostreopsis, Surfrider a conçu et diffusé un livret d’information dédié, disponible en trois langues (français, espagnol, basque).

Mis à disposition dans les points d’informations clés et accessible en version numérique sur notre site, ce livret reprend les principales informations concernant l’algue toxique afin d’éclairer les usagers des littoraux sur les risques qu’elle peut représenter mais aussi en expliquer l’origine en lien avec le dérèglement climatique.

Enfin, et toujours dans un objectif de mettre en lumière cette problématique une exposition photographique consacrée à Ostreopsis, réalisée en collaboration avec l’artiste Pablo Boquedano, a été présentée de mai à août au Campus Surfrider, rassemblant plus d’une centaine de personnes lors de son vernissage.

Une vigilance renforcée face aux pollutions chimiques

En 2024, Surfrider Foundation Europe a poursuivi et renforcé son engagement sur les enjeux liés à la pollution chimique, dont les impacts sur la qualité de l’eau sont majeurs.

L’association a consolidé sa présence à Bruxelles et son rôle actif au sein des coalitions d’ONG, devenant un acteur clé de la société civile dans les discussions relatives à la directive européenne sur les eaux de baignade et à d’autres textes législatifs structurants.

Surfrider a également poursuivi son alliance avec plusieurs ONG européennes dans le cadre de la révision de la liste des polluants pour les eaux de surface et souterraines.
Cette collaboration a connu différents temps forts :

  • le 19 juin, lors de l’adoption par le Conseil de son approche générale sur le texte ;
  • le 22 octobre, lors de la publication d’un communiqué commun pour marquer les deux ans de la proposition législative et dénoncer l’absence d’adoption définitive du texte ;
  • enfin en décembre, lorsque les institutions ont enfin donné leur feu vert pour l’ouverture des trilogues, attendus début 2025.

En parallèle, Surfrider a porté la voix des citoyens européens sur la pollution liée aux nitrates, en participant à deux consultations écrites et à un stakeholder meeting organisé par la Commission européenne. Ces contributions ont permis de rappeler la nécessité d’un encadrement plus ambitieux.

Cette mobilisation globale a fait échos à la publication en janvier 2024 d’un document de position sur la pollution chimique, dans lequel Surfrider détaille ses exigences pour un cadre réglementaire plus strict, à la hauteur des enjeux environnementaux et sanitaires.