rapport annuel 2024

Lutter contre la pollution plastique

En 2024, Surfrider Foundation Europe a intensifié son combat contre la pollution plastique, mobilisant tous ses leviers d’action pour faire reculer ce fléau à l’échelle européenne et locale.
Une dynamique nourrie par la conviction que seule une approche globale, structurée et offensive permettra d’enrayer durablement la contamination des océans par les plastiques.

Des victoires législatives majeures : faire évoluer les règles du jeu

L’année a été marquée par une avancée historique dans la lutte contre la pollution plastique : la reconnaissance officielle, au sein de la législation européenne, de la pollution générée par les biomédias issus des stations d’épuration.
Cette source de pollution est désormais identifiée et encadrée, avec l’obligation pour les exploitants de stations d’épuration de mettre en place des mesures préventives.

Cette victoire est le résultat d’un travail de fond mené par les différentes entités de Surfrider Foundation, mobilisant à la fois nos expertises scientifique, les constats de terrain, la mobilisation citoyenne et nos actions de plaidoyer.

En France, mais également en Espagne (en Galice et dans les Asturies), les équipes de Surfrider ont multiplié les opérations de collecte et de quantification et récolté de nombreux témoignages d’acteurs locaux et de citoyens confrontés à cette pollution, renforçant ainsi notre argumentaire auprès des institutions.

Dans le même temps, Surfrider s’est engagée dans un autre combat législatif d’envergure : la réglementation des granulés plastiques industriels (pellets).

Les équipes ont poursuivi leur travail d’alerte, coordonné à l’échelle européenne, avec notamment l’organisation d’une visite de terrain à Ecaussinnes pour les membres du Parlement européen mais aussi la publication d’un rapport stratégique visant à influencer le processus legislatif.
En Espagne, et plus précisément dans la région de Tarragone, les efforts des équipes de Surfrider ont abouti à une avancée inédite : 13 entreprises du secteur pétrochimique ont été reconnues responsables de la pollution des ressources naturelles par les pellets. Une décision qui acte, pour la première fois, la reconnaissance de l’impact négatif de la chaîne de valeur du plastique sur l’environnement, et qui met en valeur les lacunes des mesures volontaires, largement insuffisantes pour atténuer la pollution plastique.

Responsables de la dispersion de milliers de tonnes de déchets plastiques (entre autres) dans l’Océan, les pertes de conteneurs en mer constituent un enjeu majeur que Surfrider porte depuis de nombreuses années.
En 2024, ce sujet a enfin obtenu la reconnaissance qu’il mérite : grâce à un travail de plaidoyer constant auprès des institutions européennes, et en étroite collaboration avec un membre clé du Parlement européen, la problématique des conteneurs perdus a été intégrée au Paquet législatif Erika III. Une avancée majeure qui ouvre la voie à un encadrement renforcé de ces pertes et à une meilleure responsabilité des acteurs du transport maritime.

Surfrider a, tout au long de l’année, pris soin d’entretenir son rôle d’expert et de lanceur d’alerte sur différents sujets – notamment lors d’événements d’ampleur durant lesquels les membres de l’équipe lobby ont évoqué le sujet de la pollution plastique et de la nécessité de diminuer drastiquement la production de plastique – et rédigé des publications majeures parmi lesquelles :

– Un rapport sur la responsabilité élargie des producteurs de tabac
– Une évaluation de l’efficacité de la directive européenne sur les plastiques à usage unique destinée à préparer de nouvelles propositions ambitieuses ;
– Le rapport « De la source à la solution », offrant aux autorités locales des leviers concrets pour lutter contre les déchets marins.
– Le rapport des 4 ans de la loi française AGEC, pour évaluer le respect des objectifs et l’efficacité des mesures prises.

Pour terminer, 2024 a été l’année de lancement du projet BeMed+, mené, entre autres, par Surfrider.
Reconnu officiellement par la Mission Restore our Ocean and Water de la Commission européenne, ce projet vient consolider les actions menées depuis 10 ans dans la lutte contre la pollution plastique en Méditerranée dans le cadre du programme BeMed.

Sensibiliser par tous les moyens

Convaincus que la lutte contre la pollution plastique ne se gagnera qu’avec l’implication de toutes et tous, les équipes de Surfrider ont poursuivi leur travail de sensibilisation à grande échelle, dans le cadre de projets emblématiques et d’événements majeurs.

Organisé à l’Académie du Climat à Paris, et marquant le lancement d’une nouvelle saison des Initiatives Océanes, la Chronowaste, un défi participatif mêlant action concrète et sensibilisation, a mobilisé un grand nombre de participants autour de la collecte et la quantification de déchets.
L’événement était l’occasion pour Surfrider de sensibiliser les participants et les visiteurs de passage aux différents sujets en lien avec la pollution maritime et plus précisément la pollution plastique (mégots, plastiques à usage unique etc.) lors d’échanges autour d’ateliers Do It Yourself ou de stands tels que “La Poisonnerie”, “Les surprises de la marée” etc.

La sensibilisation des plus jeunes étant un levier essentiel pour construire un avenir sans plastique, Surfrider a poursuivi en 2024 son programme Échappées Bleues.
À travers 21 échappées bleues, l’association a permis à 401 enfants de vivre une expérience immersive, en mer et sur le littoral, pour découvrir les plaisirs de la navigation tout en étant sensibilisé.es aux menaces qui pèsent sur l’Océan.
Ces enfants ont ensuite eu la chance de naviguer au côté de skippers professionnels, lors de leur passage, dans le cadre du projet Echappées Bleues, dans les villages de 5 grandes courses : l’Arkea Ultim Challenge, la Solitaire du Figaro, l’Ocean Fifty Series, le Défi Azimut et enfin le Vendée Globe.

En début d’année 2024, pour prolonger son combat contre la pollution plastique et renforcer ses actions de sensibilisation, Surfrider s’est associé au Mas Baudran pour lancer un concours artistique autour de cette thématique. Ce concours a abouti à la sélection du projet « Déplastification », imaginé par Antoine Boudin et Olivier Millagou.
L’œuvre se compose de six sabliers remplis de fragments plastiques, dont le temps d’écoulement illustre l’urgence à réduire l’omniprésence du plastique dans notre société : chaque sablier incarne un repère temporel précis, tel que le temps nécessaire à la production d’un certain poids de plastique ou à l’adoption d’une décision politique.
Présentée en 2024 lors du Festival Agir pour le Vivant à Arles, aux Salons des Éco-maires à Paris et au Mucem à Marseille, l’installation poursuivra son parcours en 2025 avec une exposition sur le Campus Surfrider à Biarritz.

Plaçant la mobilisation et la sensibilisation citoyenne au coeur de ses actions, Surfrider a également poursuivi le développement de son application Plastic Origins en y intégrant une intelligence artificielle embarquée.
Baptisée Surfnet et pensée pour être la plus économe possible en ressource, elle permet aux utilisateurs de détecter et visualiser en temps réel les déchets plastiques le long des cours d’eau.

Encourager la Mobilisation citoyenne

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La mobilisation citoyenne a également été un levier clé dans notre lutte contre la pollution plastique.
Cette année encore, l’opération Surfrider Against Cigarette Butt a connu un large succès à travers l’Europe. Organisée dans cinq pays – Portugal, Grèce, Espagne, Pays-Bas et Allemagne – cette campagne a permis de réaliser 31 collectes de mégots de cigarettes, un déchet aussi omniprésent qu’insidieux, responsable de la pollution de millions de litres d’eau chaque année. Cette mobilisation massive illustre une nouvelle fois la capacité de notre réseau à agir concrètement, sur le terrain, pour lutter contre les déchets aquatiques.

Nous avons également lancé une expérimentation inédite en Guadeloupe, en partenariat avec les autorités locales, pour adapter le protocole de suivi OSPAR aux territoires d’outre-mer, ainsi qu’un nouveau site de suivi en rivière sur la Nive.

Enfin, Surfrider a poursuivi son engagement à valoriser les données issues des sciences participatives, convaincue que l’observation citoyenne constitue un pilier essentiel pour documenter et faire reconnaître les différentes formes de pollution plastique.
En 2024, nous avons publié un article scientifique mettant en lumière la contribution des bénévoles et des citoyens engagés dans la collecte de données environnementales.
Cette reconnaissance scientifique, à travers la publication et la diffusion de ces travaux, vient consolider notre approche : faire du terrain une source précieuse de connaissance et d’action pour transformer durablement les politiques publiques.