Communiqué de presse 04.06.2025 | Pour diffusion immédiate
Surfrider Foundation Europe réagit à la stratégie européenne pour la résilience de l’eau publiée aujourd’hui, en exprimant une profonde inquiétude quant au manque de mesures concrètes pour lutter contre la pollution persistante de l’eau et les causes profondes de la crise de l’eau. La résilience hydrique ne pourra être atteinte par une simple simplification ou une dépendance aux solutions technologiques, avertit l’organisation, qui appelle l’UE à privilégier une action environnementale systémique dans les actions phares à venir. Il ne peut y avoir de résilience de l’eau tant que la pollution persiste et que les écosystèmes marins et côtiers restent soumis à une pression intense due à la surexploitation.
Des promesses ne suffisent pas : l’UE doit agir
Surfrider Foundation Europe salue la Commission pour avoir mis en avant la nécessité d’adopter une approche « de la source à la mer » et de garantir la cohérence entre les cadres de l’UE pour les eaux douces et marines. Toutefois, les annonces d’aujourd’hui laissent planer le doute quant à une réelle mise en œuvre. Nous soutenons le fait que la Stratégie pour la résilience de l’eau et le futur Pacte pour l’Océan[1] doivent être complémentaires et que les politiques de l’eau et de la mer doivent constituer un cadre cohérent de gestion du cycle de l’eau dans son ensemble. Cependant, compte tenu du contexte politique actuel, nous mettons en garde contre tout appel à simplifier excessivement les dispositions existantes et à ouvrir la voie à une déréglementation. Les données sont claires : nous sommes loin d’atteindre le bon état écologique des eaux douces et marines, et reculer sur les instruments juridiques actuels n’est pas la solution.
S’attaquer à la pollution à la source : des solutions temporaires à une crise durable
La Commission a souligné à juste titre que la quantité et la qualité de l’eau sont indissociables et que l’accès à une eau propre et sûre doit être garanti. Cependant, malgré des rappels répétés de la nécessité de prévenir la pollution à la source, la stratégie échoue à proposer des mesures claires pour s’attaquer directement à ce problème, misant plutôt sur des technologies coûteuses et des efforts de remédiation à court terme. La résilience de l’eau est vitale pour les écosystèmes aquatiques comme pour la santé humaine. Le temps presse. Nous devons prioriser la prévention à la source et garantir une application systématique et efficace du principe pollueur-payeur, de la source à la mer.
Les actions phares proposées pour lutter contre les principales sources de pollution sont particulièrement décevantes. Alors que seulement 29 % des eaux de surface de l’UE sont dans un bon état chimique, se concentrer sur le nettoyage ne fournira que des solutions temporaires à une crise de pollution sévère. De même, les mesures proposées pour lutter contre la pollution par les nutriments ne suffiront pas à accélérer et renforcer la mise en œuvre de la directive Nitrates. La pollution plastique est à peine mentionnée, et aucune mesure politique n’est proposée pour faire face à la crise croissante des microplastiques, malgré les preuves croissantes de ses risques pour la santé humaine et les dernières données du rapport de suivi « Zéro pollution » faisant état d’une augmentation estimée de 9 % de la pollution par les microplastiques dans l’UE ces dernières années.
Lucille Labayle, Chargée de mission politique sur la qualité de l’eau et la santé :
« Nous ne pouvons pas prétendre protéger nos ressources en eau si nous ne fermons pas le robinet de la pollution. L’Europe est à un tournant alors que nous faisons face à de graves défis en matière de résilience hydrique. Éponger les dégâts ne suffira pas. »
Le dessalement n’est pas une solution miracle : il faut s’attaquer à la crise de l’eau à sa source, non à ses symptômes
Surfrider Europe se félicite de la reconnaissance par la Commission européenne des impacts environnementaux significatifs du dessalement de l’eau de mer. Toutefois, nous exhortons vivement la Commission à concentrer ses efforts sur les causes profondes de la pénurie d’eau croissante – à savoir le changement climatique, la surexploitation des ressources en eau et la pollution. Plutôt que de faire peser davantage de pressions sur des écosystèmes côtiers déjà fragilisés, l’UE doit adopter des mesures concrètes pour réduire la consommation globale d’eau et garantir une eau propre pour tous les Européens.
Le soutien à l’innovation en matière de dessalement, tel que proposé par la Commission, ne doit intervenir qu’après l’adoption et la mise en œuvre de ces mesures. Ce n’est qu’en respectant les limites écologiques de nos environnements marins et côtiers – des limites incompatibles avec une exploitation croissante – que nous pourrons assurer la résilience à long terme de nos ressources en eau.
[1] Attendu pour publication demain, 5 juin – voir la réaction de Surfrider Europe à la récente fuite ici
Ressources ::
• EU Water Resilience Strategy, European Commission, 4 June 2025
• Surfrider Europe’s public reaction to the leaked EU Water Resilience Strategy, 16 May 2025
• Surfrider Europe’s public reaction to the adoption of the European Parliament resolution on Water Resilience, 7 May 2025
• Zero Pollution Monitoring and outlook 2025 report, European Environment Agency and Joint Research Center, 2025
• Toxic tides, confronting the chemical crisis, Surfrider Foundation Europe, January 2024
• The Senior representatives of 12 organisations call on Ursula von der Leyen to safeguard the EPR scheme in the recast Urban Wastewater Treatment Directive (UWWTD)
À propos de Surfrider Foundation Europe
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