Nice, le 12 juin 2025 – A l’occasion de la 3e Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC), la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a dévoilé le plan de lutte contre la pollution plastique de la France d’ici 2030. Derrière un discours qui se veut ambitieux, les associations Zero Waste France et Surfrider Foundation Europe déplorent un plan manquant d’opérationnalité et centré sur le recyclage.
La réaction de Surfrider Foundation Europe
Ce plan national intervient dans un contexte où l’alignement entre les dynamiques nationales et les ambitions internationales — notamment portées lors de l’UNOC — est devenu indispensable. Pourtant, derrière les engagements de façade, Surfrider Foundation Europe constate que cette stratégie française reste largement insuffisante pour répondre à l’ampleur de la crise. Trop centré sur le recyclage — une solution pourtant reconnue comme partielle et inefficace dès l’introduction du document — le plan passe à côté de l’essentiel : la réduction à la source. Les quelques mesures annoncées sur le réemploi manquent d’objectifs chiffrés et de moyens dédiés, tandis que la priorité accordée à la sensibilisation occulte le rôle critique des pollutions industrielles involontaires, peu abordées. Plus globalement, les leviers d’action sont largement centrés sur le citoyen — information, tri, nettoyage — quand les producteurs et metteurs en marché de plastique, véritables responsables de la production massive de déchets, restent peu contraints.
« Malgré des mots-clés porteurs comme “réemploi” ou “modes de consommation plus sobre”, ce plan liste une série de bonnes intentions sans véritables engagements, ni trajectoire chiffrée. Pire, certaines mesures comme la prime à l’incorporation de plastique recyclé vont à l’encontre même de l’objectif de réduction de la production », alerte Lisa Pastor, chargée de plaidoyer pour Surfrider Foundation Europe. L’ONG, qui contribuera activement à la révision de la stratégie 3R attendue fin 2025, insiste sur la nécessité de rendre la loi AGEC réellement applicable, en assurant son contrôle et son financement. Surfrider continuera d’exiger des actions concrètes et de suivre de près les suites données à ce plan, tout en soutenant les collectivités dans leur transition vers des modèles durables et sobres en plastique.
La réaction de Zero Waste France
Alors que la France se veut être un pays “moteur » dans la lutte contre la pollution plastique, Zero Waste France regrette un plan manquant d’ambition et d’opérationnalité, puisqu’il ne comprend ni objectifs concrets, ni calendrier, ni budget. “Le gouvernement continue de faire peser l’entière responsabilité de la lutte contre la pollution plastique sur les citoyennes et citoyens, avec une sémantique axée sur les choix de consommation, la collecte et le recyclage. C’est un hors sujet complet”, dénonce Marine Bonavita, chargée de plaidoyer de Zero Waste France.
La pollution plastique est un fléau, mais c’est surtout un véritable engrenage. On sait désormais que le recyclage est quasiment sans effet sur la production de plastique vierge, et que cette production est directement corrélée à la pollution. Aujourd’hui, 90% du plastique produit dans le monde n’est pas recyclé. Dans ce contexte, la collecte n’est qu’un problème parmi d’autres. Beaucoup de plastiques ne sont tout simplement pas recyclables, et même les plastiques les plus facilement recyclables en boucle fermée ne supportent qu’un nombre limité de cycles de recyclage.
“La réduction de la production, via la généralisation du réemploi des emballages et l’amélioration de l’accès à une eau potable de qualité, est la seule voie de sortie”, rappelle Marine Bonavita. “Or, le plan est muet sur l’obligation, figurant dans la loi AGEC, de réduire de moitié les bouteilles en plastique d’ici 2030. Et malheureusement, des milliards sont actuellement investis dans le recyclage, sans commune mesure avec les maigres budgets consacrés notamment au réemploi. Cette approche « business as usual » ne peut plus continuer, les industriels doivent changer de braquet, et vite. L’Etat doit les y obliger, avec des obligations de se réorienter massivement vers le réemploi, assorties de sanctions sévères en cas de non-respect”.
Zero Waste France a été invitée à contribuer à la révision de la stratégie 3R (Réduction, Réemploi, Recyclage) attendue à la fin de l’année 2025, et rappelle qu’une proposition de loi visant à généraliser le réemploi doit être déposée dans les prochaines semaines.
Contacts Médias :
Surfrider Foundation Europe :
Lionel Cheylus | 06 08 10 58 02 | lcheylus@surfrider.eu
Zero Waste France :
Manon Richert | 07 52 02 59 70 | manon.richert@zerowastefrance.org