rapport annuel sur la qualité des eaux de baignades

Les impacts de la pollution du cycle de l’eau sur les écosystèmes aquatiques et la santé humaine

Les activités humaines ont, petit à petit, transformé le cycle de l’eau en un système de distribution de la pollution à l’échelle planétaire.

Mais quelles sont les conséquences concrètes de cette contamination ? Comment les différents polluants, une fois intégrés dans ce cycle millénaire, affectent-ils les écosystèmes aquatiques et notre propre santé ?

Les pollutions ont de multiples impacts sur les écosystèmes aquatiques. Elles peuvent provoquer des proliférations d’algues nuisibles, propager des maladies, perturber certaines fonctions essentielles d’organismes aquatiques ou même entraîner leur mort prématurée. Elles représentent également un danger pour notre santé.
La réalité est alarmante : en 2021, seulement 43,6% des masses d’eau superficielle françaises affichaient un bon ou très bon état écologique, révélant l’ampleur des dégâts causés par la pollution.

Quels sont les impacts de la pollution de l’eau sur les écosystèmes aquatiques ?

L'eutrophisation : quand l'eau s'étouffe

L’eutrophisation désigne l’ensemble des symptômes que présente un écosystème aquatique à la suite d’un apport excessif de nutriments d’origine humaine, notamment le phosphore et l’azote. Le mécanisme est simple mais dévastateur : l’excès de nutriments stimule fortement la croissance de certaines plantes ou algues – phénomène de prolifération végétale – entraînant l’augmentation de la consommation d’oxygène au sein du milieu.

Les côtes bretonnes sont l’illustration parfaite de ce phénomène : depuis des décennies, les algues vertes empoisonnent le littoral créant des zones mortes où la vie aquatique ne peut plus subsister. Quand ces algues se décomposent, elles libèrent du sulfure d’hydrogène, un gaz toxique qui peut être mortel.

→ Pour en savoir plus, consultez notre article “Eutrophisation, blooms algaux, cyanobactéries : faisons le point

Les polluants toxiques aux effets dévastateurs

La pollution de l’eau affecte les écosystèmes aquatiques par différents mécanismes aux conséquences variées sur la biodiversité. De nombreuses substances polluantes exercent leur toxicité selon deux modes principaux :

  •  en provoquant une mortalité importante ou affaiblissant dramatiquement les organismes lors d’expositions à fortes concentrations (toxicité aiguë). Les déversements accidentels d’hydrocarbures ou de produits chimiques industriels en sont des exemples flagrants.
  •  en provoquant, suite à l’exposition prolongée à de faibles doses, des dysfonctionnements physiologiques et des troubles de la reproduction, compromettant la viabilité des populations (toxicité chronique). Les pesticides, les métaux lourds et les perturbateurs endocriniens agissent principalement selon ce mode.

 

À cela peut s’ajouter un effet cocktail, dû à l’exposition simultanée à plusieurs substances, où la toxicité du mélange dépasse celle de chaque composant pris individuellement.

Des écosystèmes aquatiques en souffrance…

La pollution aquatique déclenche un effet domino qui bouleverse l’ensemble des écosystèmes. Cette cascade de perturbations illustre l’interconnexion profonde des milieux aquatiques et la fragilité de leurs équilibres. Parmi elles on retrouve :

  • L’étouffement des nurseries naturelles, telles que les herbiers marins par exemple. Étouffés par les proliférations d’algues et/ou empoisonnés par les toxines émises par certaines d’entre elles, ces prairies sous-marines, refuges de très nombreuses espèces marines juvéniles, disparaissent progressivement. Leur destruction prive les poissons de leurs zones de reproduction et de protection, compromettant le renouvellement des populations.
  • La rupture des chaînes alimentaires, qui commence par la disparition du plancton, base de l’alimentation marine. Ces micro-organismes, particulièrement sensibles à la pollution, constituent le premier maillon de la chaîne.
  • L’invasion des espèces opportunistes qui profitent des déséquilibres de certains milieux pour coloniser de nouveaux territoires. Plus résistantes aux pollutions, elles évincent les espèces indigènes fragilisées. Cette « pollution biologique » modifie profondément les écosystèmes que les espèces opportunistes colonisent.
  • L’effondrement des services écosystémiques, qui disparaissent avec la biodiversité. Par exemple, la diminution de la capacité d’auto-épuration des milieux aquatiques, réduisant ainsi leur résistance naturelle à la pollution, ou encore la disparition des récifs et des herbiers, protections naturelles des côtes, favorisant alors l’érosion et affaiblissant les littoraux face aux tempêtes.

La mauvaise qualité des eaux de surface affecte aussi notre santé

Les différentes pollutions qui affectent le cycle de l’eau ne se contentent pas de détruire les écosystèmes aquatiques : elles menacent aussi directement notre santé. Les polluants présents dans l’eau peuvent nous atteindre dès lors que nous nous baignons (contact direct), nous promenons sur les littoraux (inhalation de particules toxiques) ou encore consommons des produits de la mer.

  • Les agents pathogènes présents dans les eaux polluées – et de plus en plus résistants aux antibiotiques en raison de la présence de résidus médicamenteux dans l’eau – causent chaque année des millions de cas de maladies dans le monde.
  • Les efflorescences d’algues toxiques, favorisées par différentes sources de pollutions chimiques et par le dérèglement climatique, sont préoccupantes : certaines espèces d’algues proliférantes produisent des toxines dangereuses qui peuvent causer des intoxications alimentaires sévères, des troubles neurologiques et des irritations cutanées.
  • L’exposition à certaines toxines dégagées par la décomposition des algues peut provoquer des irritations des voies respiratoires, des maux de tête, voire des intoxications graves.
  • La bioaccumulation des polluants dans la chaîne alimentaire aquatique représente une voie d’exposition indirecte mais significative. Les polluants se concentrent à chaque niveau, atteignant des concentrations élevées dans les poissons que nous consommons.

Focus sur la contamination microbiologique

La contamination microbiologique correspond à la présence dans l’eau de bactéries, de parasites ou de virus d’origine fécale – notamment escherichia coli et les entérocoques – et capables de provoquer des maladies.
Elle est principalement liée au rejet d’eaux usées insuffisamment épurées dans le milieu naturel. Les agents pathogènes peuvent survivre plusieurs semaines dans l’eau, créant des risques sanitaires majeurs pour les populations qui utilisent ces ressources. Les baignades en eaux contaminées peuvent provoquer gastro-entérites, infections cutanées ou autres pathologies plus sérieuses.

La contamination microbiologique est particulièrement préoccupante dans les zones urbaines denses dans lesquelles les systèmes d’assainissement sont défaillants ou dépassés.
Les épisodes de fortes pluies, de plus en plus fréquents en raison du dérèglement climatique, aggravent le problème en provoquant des débordements d’égouts qui déversent directement les eaux usées dans les rivières et les zones côtières.

Le cycle de l’eau, qui a permis l’émergence et le maintien de la vie sur Terre pendant des milliards d’années, est aujourd’hui détourné de sa fonction originelle : il est devenu un vecteur de contamination à l’échelle planétaire. Et les impacts de cette contamination sont déjà une réalité. Des écosystèmes entiers s’effondrent, des espèces disparaissent, des populations humaines sont exposées à des risques sanitaires croissants.
La transformation du cycle de l’eau en système de distribution de la pollution soulève une question fondamentale en lien avec les sources de ces pollutions. Car pour agir efficacement, il est indispensable de comprendre les sources de cette contamination.
Mais il reste de l’espoir : en agissant concrètement et efficacement sur les sources de pollution, nous pouvons protéger l’ensemble du cycle de l’eau et préserver cette ressource vitale pour les générations futures. La solution existe, elle passe par une prise de conscience collective et des actions concrètes à tous les niveaux de la société.

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