Nous vivons sur la planète bleue. Une planète sur laquelle l’eau, à l’état liquide ou solide (glace), recouvre 75% de la surface terrestre. Elle y est présente partout : de l’intérieur de la croûte rocheuse jusqu’au ciel, qu’elle emplit de nuages.
Cette eau est en mouvement constant.
Depuis des millénaires, elle effectue le même parcours, parfaitement orchestré. Cette valse éternelle, c’est le cycle de l’eau, un ballet qui orchestre la vie sur Terre.
Mais aujourd’hui, cette chorégraphie parfaite est perturbée par un élément indésirable : la pollution engendrée par les activités humaines. Chaque jour, des millions de tonnes de substances nocives s’immiscent dans ce cycle naturel, transformant notre ressource la plus précieuse en vecteur de contamination.
Comment une pollution locale peut-elle affecter des écosystèmes à des milliers de kilomètres ? Comment les activités humaines perturbent ce cycle millénaire ?
Une boucle fermée qui tourne depuis 4 plus de milliards d’années
Le cycle de l’eau est un système fermé. Sans apports ni pertes : depuis plus de 4 milliards d’années c’est la même eau qui circule et se transforme en permanence.
Ce cycle fonctionne comme une machine perpétuelle alimentée par l’énergie solaire. Chaque jour, sous l’action de la chaleur du soleil, l’Océan, les rivières ou encore les lacs libèrent dans l’atmosphère des milliers de mètres cubes d’eau sous forme de vapeur.
Cette vapeur s’élève dans l’atmosphère, et, au contact de l’air froid, se condense en gouttelettes qui forment les nuages.
Une fois dans les nuages, l’eau devient trop lourde pour rester en suspension et retombe sur les continents ou dans l’Océan sous forme d’averses de pluie, de neige ou de grêle.

Les multiples chemins de l’eau
Une fois retombée au sol, l’eau emprunte différents chemins :
– Une portion s’évapore immédiatement ou est absorbée par les plantes (évapotranspiration),
– Une partie va être stockée dans les lacs et les étangs,
– Une autre s’infiltre dans le sol, alimentant les nappes d’eau souterraines,
– Le reste ruisselle en surface, rejoignant ruisseaux, rivières et fleuves dans une course inexorable vers l’Océan.
Cette circulation perpétuelle brasse annuellement plus de 500 000 km³ d’eau, soit l’équivalent de 200 millions de piscines olympiques vidées et remplies chaque seconde.
Un équilibre fragile
Le cycle de l’eau fonctionne comme un système de vases communicants géant. L’eau des rivières alimente les nappes souterraines par infiltration, tandis que nombre de ces dernières maintiennent le débit des cours d’eau en période sèche. L’évaporation des océans nourrit les précipitations qui rechargent les lacs et rivières. Cette interconnexion permanente signifie qu’une pollution introduite à un moment du cycle finira par contaminer l’ensemble du système.
Les différentes vitesses de circulation de l’eau
L’eau ne circule pas à la même vitesse dans tous les compartiments de notre planète. Elle séjourne en moyenne 9,5 jours dans l’atmosphère, 17 jours dans les rivières, 1,8 an dans les sols, 30 ans dans les lacs d’eau douce, 3000 ans dans l’océan, et près de 10 000 ans dans certains glaciers.
Ces différences de vitesse sont cruciales pour comprendre la propagation des pollutions : un polluant rejeté dans une rivière atteindra rapidement l’océan, tandis que la contamination d’un lac peut persister pendant des décennies.
Quand la pollution s’immisce dans le cycle de l’eau
Les activités humaines, et notamment les pollutions qu’elles engendrent, affectent la qualité de l’eau de plusieurs manières :
Pollution directe des cours d’eau et des eaux souterraines –
Dans les zones agricoles, l’irrigation et les précipitations entraînent bien souvent les engrais et les pesticides dans les rivières (par ruissellement) et les eaux souterraines (par infiltration).
S’ajoute à cela les eaux chaudes et/ou contaminées rejetées par les usines de production etc. et les centrales électriques.
Enfin, l’imperméabilisation des sols en milieu urbain empêche l’eau de s’infiltrer naturellement. Ruisselant en surface, les eaux de pluie transportent alors directement les produits chimiques et autres micro-polluants vers les rivières et les lacs.
Contamination par retombées atmosphériques – Les polluants présents dans l’air retombent avec les précipitations, contaminant les eaux de surface.
L’impact indirect du changement climatique – Le changement climatique, considérablement accéléré par les activités anthropiques, affecte également le cycle de l’eau de manière plus ou moins direct. Il modifie les quantités et les rythmes de circulation, entraînant des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses (inondations, sécheresses). Ces perturbations peuvent concentrer davantage les polluants dans des volumes d’eau réduits.
Du champs à l’Océan
Pour rendre les choses plus concrètes, prenons l’exemple d’un herbicide épandu sur un champ de maïs breton. En quelques heures, les premières molécules atteignent le ruisseau voisin par ruissellement. En quelques jours, elles contaminent la rivière locale, puis l’estuaire. En quelques semaines, elles rejoignent l’Océan.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Une partie de ces molécules va s’évaporer et retomber avec les pluies sur d’autres régions. D’autres s’infiltreront dans les sédiments marins, créant des réservoirs de contamination qui libéreront lentement leurs toxines. Certaines seront absorbées par des organismes marins, amorçant une bioaccumulation qui se concentre à chaque niveau de la chaîne alimentaire.
Cette propagation suit les lois physiques du cycle de l’eau, mais elle les détourne de leur fonction originelle. Au lieu de purifier et de renouveler la ressource, le cycle devient un système de distribution de la pollution à l’échelle planétaire aux conséquences désastreuses pour les écosystèmes aquatiques mais aussi pour notre santé !