
Que deviennent les pétitions, une fois bouclées ? Périssent-elles dans l’immense cimetière des bonnes intentions, à mi-chemin entre l’enfer et le paradis ? Et bien non, en tout cas pas la pétition « Pas de ça sur nos plages ! », lancée en 2009 par l’ONG environnementale Surfrider Foundation Europe (SFE).
45 000 signatures
Plus de 45 000 personnes l’ont signée, et elle a été remise officiellement à Maria Damanaki, Commissaire aux affaires maritimes, lors des Journées Européennes de la Mer à Gijon au Printemps 2010. Avec le soutien actif de la députée européenne Corinne Lepage, solidaire de SFE dans la démarche visant à convaincre le Parlement européen que les macro-déchets sont de véritables pollutions, et non des « nuisances visuelles ».
Un impact reconnu
Quel fut l’impact de cette pétition ? Indiscutable. C’est un peu grâce à elle que maintenant, les larmes de sirènes, les bouteilles de plastique, les cotons tiges et les mégots seront intégrés dans l’appréciation de l’ état écologique des mers de l’Union Européenne.
Surfrider se réjouit que dans le cadre de la directive « Stratégie pour le milieu marin » (DCSMM) soient définis précisément les onze critères permettant aux Etats membres d’évaluer l’état environnemental et sanitaire des mers. Publiés le 1er septembre 2010, ces critères fixent un objectif ambitieux : un bon état écologique des mers européennes en 2020. Tout cela dans le cadre d’un texte qui reconnait les pressions infligées aux écosystèmes de l’océan. Mer Baltique, Mer du Nord, Atlantique, Méditerranée et Mer Noire sont concernés, à travers les 27 pays de l’UE. La coopération entre les Etats est encouragée, qui devront dresser un bilan de la situation écologique avant de se fixer des objectifs cohérents. Quels sont les critères qu’ils devront respecter? Les macro déchets (ou déchets aquatiques) ne sont évidemment pas le seul critère. Le maintien de la bio diversité, la lutte contre les espèces envahissantes, l’eutrophisation*, les stocks de pêche et le niveau de concentration des contaminants sont au menu. Sans oublier l’impact des sources sonores sous-marines (on pense aux éoliennes off shore), des champs électro-magnétiques et de la lumière.
Là, SFE peut crier « Victoire ! » ; c’est la première fois que les déchets aquatiques sont considérés comme une réelle pollution. A partir de maintenant, les gouvernements ne peuvent plus ignorer la problématiques des macros-déchets et déchets présents dans l’océan et sur nos plages.
Une réponse communautaire
Face à tous ces déchets qui continuent à s’accumuler sur nos rivières et nos littoraux, voici enfin une réponse communautaire et concrète. En organisant des opérations de terrain comme les Initiatives Océanes, SFE a fait depuis 20 ans un énorme travail de sensibilisation après des enfants et des adultes, sur toutes les plages d’Europe. Le résultat est là, et l’association va suivre de très près les travaux des Etats membres appliqués à cette directive. Notamment ces rapports demandés aux Etats de l’UE pour 2012 visant à brosser un portrait de l’état du milieu marin, à travers les pressions et les impacts qu’il subit. Sans oublier qu’en 2016, le grand départ sera donné : les Etats membres devront démontrer leur bonne volonté en alignant officiellement les mesures de leur stratégie marine.
* L’eutrophisation est la modification et la dégradation d’un milieu aquatique, lié en général à un apport excessif de substances nutritives, qui augmentent la production d’algues et d’espèces aquatiques. (source : Wikipédia)
Sylvie Barrans, Surfrider Foundation Europe