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Ostreopsis : entre vigilance et coexistance

A la suite des premiers témoignages reçus en juin, évoquant des symptômes grippaux, les analyses réalisées par l’agglomération pays-basque ont rapidement confirmé la présence d’Ostreopsis sur une plage de Saint-Jean-de-Luz, corroborant ainsi les craintes exprimées depuis plusieurs semaines : cette micro-algue semble prospérer aussi bien sur la côte méditerranéenne que sur la côte atlantique, et il va désormais falloir apprendre à coexister avec elle.

L’Ostreopsis en quelques mots

L’Ostreopsis est une microalgue d’origine tropicale. Invisible à l’œil nu, elle se développe dans les eaux côtières pendant la saison estivale. Elle se fixe aux rochers ou à d’autres algues macroscopiques présentes le long du littoral.
Il existe différents types d’Ostreopsis, dont l’Ostreopsis siamensis, jugée en l’état des connaissance inoffensive et l’Ostreopsis ovata, ayant quant à elle des effets bien plus néfastes sur la santé et la biodiversité.

Si cette algue est habituellement présente dans les zones rocheuses, les études menées récemment tendent à montrer que lors de périodes de forte agitation de l’eau, les cellules toxiques qu’elle contient peuvent se détacher de leur support et migrer dans la colonne d’eau (zone située entre la surface et le fond marin) ou se retrouver dans les embruns avant d’être poussées vers le littoral par le vent.
Lorsque certaines conditions sont réunies, l’algue prolifère massivement pour former des amas marrons et visqueux, appelés « efflorescences », “bloom” ou encore “fleurs d’eau”.

Symptômes grippaux et destruction de la biodiversité

L’Ostreopsis est une algue toxique qui peut avoir des effets sur la santé humaine et entrainer l’apparition de symptômes grippaux tels que de la toux, de la fièvre, des troubles respiratoires et des troubles gastriques. Des symptômes qui disparaissent généralement dans les 24 à 48 heures sans complication.
Les différentes observations menées et les dernières études ont permis d’identifier 3 modes d’exposition aux toxines de l’Ostreopsis :
 – par aérosol. Il est donc parfaitement possible d’y être exposé lors d’une promenade en bord de mer
 – par contact direct lors de la pratique d’activités nautiques ou lors de la baignade
 – et par ingestion, que ce soit en avalant de l’eau de mer lors de la baignade ou en consommant des produits de la mer prélevés dans une zone touchée par la prolifération.

Cette algue toxique a également des effets néfastes sur la biodiversité marine. Non seulement sa présence dans une zone peut perturber la chaîne alimentaire mais elle peut causer la mort d’organismes fixés au sol en les asphyxiant, et d’organismes filtrants qui vont, quant à eux, ingérer ses toxines (notamment auprès des populations d’oursins).

Une surveillance renforcée depuis plus de 15 ans

Depuis son apparition en 2006 au large de Marseille, l’Ostreopsis fait l’objet d’un suivi minutieux de la part de nos équipes, qui étendent progressivement leurs actions.
Des prélèvements réguliers sont effectués sur un site en Méditerranée, permettant de mesurer l’impact sanitaire et environnemental de l’Ostreopsis et d’observer les conditions météorologiques. Ce travail est mené en concertation avec les scientifiques du parc marin de la côte bleue qui participe notamment aux campagnes de prélèvements.

Initialement concentrées dans la région méditerranéenne, nous avons progressivement renforcé les études et les recherches dans d’autres régions pour soutenir nos actions d’information auprès des autorités locales et de sensibilisation auprès des pratiquants d’activités nautiques.

Nous sommes également acteur de la cellule d’aide à la prise de décision composée de représentants de l’ARS, du centre anti-poison, de l’institut de veille sanitaire et des collectivités locales. Cette cellule est activée dès que la présence d’Ostreopsis est confirmée, afin d’alerter la population et de protéger les usagers des plages.

Un nouveau projet de suivi de l’Ostreopsis sur la côte basque

Présente sur la côte basque depuis septembre 2020, Ostreopsis Ovata fait l’objet d’un suivi minutieux de la part de notre équipe d’experts. Un projet de suivi a été mis en place spécifiquement sur la côte atlantique, avec une zone de prélèvement attribuée officiellement à Surfrider sur la plage de Lafitenia à Saint-Jean-de-Luz. Les analyses et les résultats obtenus sont partagés avec la communauté d’agglomération de la côte basque, ainsi que les autorités compétentes du territoire.

Chaque semaine, notre équipe d’experts en qualité de l’eau effectue trois types de prélèvements : dans la zone de mise à l’eau des pratiquants d’activités nautiques (face au poste de secours), sur le lieu “pic” des activités nautiques (surf, etc.) et au niveau des zones rocheuses avec un prélèvement d’algue permettant d’estimer les concentrations maximales de cellules présentes sur le stock algal. Ces prélèvements permettent de déterminer la présence ou non et la quantité d’Ostreopsis sur le site.

Grâce à ce suivi indépendant, Surfrider dispose de ses propres résultats d’analyse et peut mener des recherches complémentaires avec les acteurs locaux mais également en collaboration avec le laboratoire Microbia Environnement.

Ces résultats soutiennent nos actions d’information et de sensibilisation des différents publics concernés sur la nature et la présence de l’Ostreopsis ainsi que des dangers que cette microalgue peut représenter.
Ils nous permettent également d’appuyer les efforts de notre équipe plaidoyer dont l’objectif est d’inclure les blooms algaux dans la directive européenne sur la surveillance et la gestion des eaux de baignade, conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Ostreopsis : les gestes à respecter   

> respecter les interdictions de baignade ou les fermetures de plage, 
> se renseigner sur la qualité de l’eau et surtout sur la présent d’Ostreopsis que cela soit sur les sites des agglomérations, sur les panneaux de l’ARS disponibles à proximité des plages
> bien se rincer après baignade 
> consulter un médecin en cas de symptômes persistants