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Hollande : Surfrider Foundation Europe porte plainte contre le groupe Tata Steel

Wijk aan Zee possède tous les attributs d’un charmant village traditionnel néerlandais. Son trait de côte est bordé de longues plages aux vagues puissantes, qui en font un terrain de jeux idéal pour de nombreux surfeurs. Si au premier abord, Wijk aan Zee semble si paisible, le village est pourtant au cœur d’une longue bataille judiciaire, qui oppose les habitants à l’usine sidérurgique voisine appartenant au groupe Tata Steel. En plus d’avoir défiguré le paysage, cet imposant complexe industriel constitue une menace de taille pour la santé des habitants et celle de l’environnement marin, impactant ainsi profondément toute la vie de la région. Face à l’absence de mesures publiques radicales contre le pollueur, plus de 1000 organisations et citoyens se sont mobilisés à travers le collectif Frisse Wind (“vent frais”). L’affaire pourrait bien connaître un tournant majeur, alors que le Parlement néerlandais organise aujourd’hui des discussions, afin de déterminer le futur de l’usine sidérurgique. Comment en est-on arrivés là ? 


Des citoyens impuissants face à la détérioration de leurs conditions de vie 

Depuis des années, les citoyens de Wijk aan Zee se plaignent de nombreux maux, notamment respiratoires, qui s’expliqueraient par la présence de polluants chimiques provenant de l’usine Tata Steel. Pour autant, les solutions mises en place sont loin de correspondre aux enjeux de la situation. Un exemple frappant est la présence quotidienne de personnel ménager employé par Tata Steel, afin de nettoyer la cour de récréation de l’école, régulièrement recouverte de poussière chimique provenant du complexe industriel. Lorsque le vent souffle dans la mauvaise direction, certains habitants n’osent plus ouvrir leur fenêtre, en raison de l’odeur générée par les activités de Tata Steel, mais surtout, par peur d’inhaler les vapeurs toxiques qui y sont liées. 

Surfer à Wijk aan Zee, second spot de surf le plus populaire des Pays-Bas : à quel prix ? 

Les données scientifiques rassemblées au fil des années suggèrent que les eaux de surface sont également contaminées par les rejets de métaux lourds et autres polluants chimiques provenant de l’usine voisine. Acteur clé de la protection des nageurs, surfeurs, et autres usagers de l’Océan, Surfrider Foundation Europe s’est ainsi mobilisée sur l’affaire Wijk Aan Zee dès son commencement. L’antenne Surfrider Pays-Bas a reçu de nombreux témoignages d’individus ayant contracté des problèmes respiratoires, mais aussi d’autres troubles (nausée, irritation, démangeaisons) après leur session de surf dans les environs du complexe industriel Tata Steel. En réaction, l’équipe locale de Surfrider Foundation Europe a conduit davantage de prélèvements durant l’année, afin de déterminer le niveau d’exposition aux polluants chimiques. 

Le rapport préoccupant de l’autorité de santé publique néerlandaise

Le dernier rapport de l’autorité de santé publique néerlandaise (l’Institut National de la Santé Publique et de l’Environnement des Pays-Bas) est clair : les citoyens de Wijk aan Zee sont exposés à des polluants chimiques dangereux. En effet, selon le rapport, le risque de développer des problèmes de santé, tels qu’un cancer des poumons, est plus élevé autour de l’usine Tata Steel que dans d’autres endroits de la région. Plomb, manganèse et vanadium ont ainsi été trouvé dans l’air en proportions nocives.

Le rapport met en lumière une situation bien connue des autorités publiques néerlandaises, le géant Tata Steel faisant très régulièrement l’objet d’amendes, pour avoir dépassé le seuil de pollution autorisé. Pour autant, ces rappels à l’ordre ne valent rien s’ils ne sont pas suivis de décisions plus radicales pour protéger la santé des habitants de Wijk aan Zee. Alors que l’entreprise paye son dû sans sourciller, et que les pouvoirs publics maintiennent le statut quo, d’autres acteurs ont l’intention d’agir face à la dégradation de la situation sanitaire et environnementale. 

Une bataille législative contre la pollution délibérée de Tata Steel 

Citoyens and associations – dont l’antenne Pays-Bas de Surfrider Foundation Europe, ainsi que ses Coastal Defenders, se sont rassemblés au sein du collectif Frisse Wind, qui compte également le précieux soutien de l’avocate Bénédicte Ficq. Populaire auprès de la population néerlandaise pour avoir fait plier l’industrie du tabac, l’avocate de la défense s’est saisie de l’affaire Wijk aan Zee, accusant Tata Steel d’avoir “émis en connaissance de cause des substances cancérigènes par l’air, le sol et l’eau, causant des dommages sérieux à la santé humaine”. A ses côtés, un dossier d’accusation lourd de témoignages poignants provenant de résidents, employés et anciens employés de l’usine Tata Steel, certains étant sérieusement malades à ce jour. Une fois l’affaire prise en charge par le procureur, le collectif espère ainsi obtenir la condamnation pénale de Tata Steel, et par-dessus tout, la mise en place de mesures décisives de protection de la santé des résidents et de l’environnement, conformément aux normes nationales et européennes en vigueur.

Pour connaître l’action complète des Coastal Defenders, cliquez ici.

Discussions parlementaires imminentes : peut-on attendre un tournant dans l’affaire ? 

Ce jeudi 9 septembre pourrait bien représenter un moment décisif de l’affaire Wijk aan Zee, alors que le Parlement néerlandais tiendra un débat dans le but de déterminer le futur du complexe industriel de Tata Steel. Que peut-on attendre de ces discussions ? Le meilleur scénario serait la fermeture –partielle- des locaux de Tata Steel. D’autre part, l’on pourrait également s’attendre à une amélioration du processus de production de l’usine, afin que celle-ci tende vers un mode de fonctionnement plus durable. (e.g. production de l’acier avec de l’hydrogène). La seconde option semble la plus réaliste, dans la mesure où les autorités néerlandaises n’ont pas envoyé de signal fort quant à la possibilité de fermeture de l’usine.

Le collectif Frisse Wind suivra au plus près les discussions parlementaires d’aujourd’hui, et se tient prêt à agir, si la décision finale n’est pas à la hauteur des enjeux de la situation. Par le biais de sa force locale de Coastal Defenders, Surfrider Foundation Europe continuera à défendre les citoyens de Wijk aan Zee, pour leur santé et celle de l’Océan.  

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