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Algues vertes en Bretagne : récit d’un été meurtrier

Le camion plein des déchets ramassés dans la décharge sauvage. Crédit: Aines Arizmendi

53000m3 d’algues vertes ramassées fin août 2011, voilà un chiffre probant que ne laisse rien présager de bon pour l’avenir du littoral breton. Les quantités d’algues échouées sont toujours plus importantes. Le Finistère massivement touché avec 2 mois d’avance a vu 22011 m3 d’algues récoltées en 2011 contre 12494m3 en 2010. Le fléau  vert se répand  inexorablement sur les plages bretonnes…

Des chiffres inquiétants

36, c’est le nombre de sangliers morts en Baie de Morieux, dans l’estuaire du Gouessant en août 2011. Le coupable est l’hydrogène Sulfuré (H2S). Selon l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques), le H2S est un gaz très toxique, irritant des voies respiratoires et un neurotoxique par asphyxie. Son odeur caractéristique d’oeuf pourri se détecte dès 0,2 à 0,3ppm, elle est nette pour 20 à 30 ppm mais vers 100ppm  l’odorat est totalement anesthésié !  La cause du décès de ces sangliers ne sera habilement révélée au grand public qu’en septembre, alors même que  la saison estivale se termine.

Des algues et des hommes

La Bretagne alors prise de panique, s’inquiète parce que la conclusion est cette fois sans détour : les algues vertes tuent et le danger pour la population est avéré.

Le malaise déjà palpable s’installe lourdement sur les territoires touchés par les marées vertes. Rappelons que 5 secteurs concentrent plus de 85% des échouages d’algues vertes sur baies sableuses : les baies de Douarnenez, Fresnaye, Saint-Brieuc, Saint Michel en Grève  ainsi que l’Anse de Binic.

La lutte intestine entre agriculteurs, notamment éleveurs et associations environnementales est virulente. Les associations costarmoricaines portent plainte pour mise en danger de la vie d’autrui. L’association Eau et Rivière de Bretagne hausse le ton et appelle l’Etat à prendre ses responsabilités afin de remettre en cause le modèle actuel d’élevage intensif.

Les éleveurs cernés par les critiques tentent vainement de prouver à l’opinion publique que les porcs bretons ne seraient pas les seuls responsables de tout cela. Les agriculteurs se sentent stigmatisés par les associations et le monde scientifique.

Le point d’orgue de ce « ras le bol » fut le rassemblement régional du 17 septembre à Fouesnant. Organisé par la coordination  Marées vertes, une manifestation  contre les algues vertes a été suivie par 80 associations. A noter qu’une contre manifestation fut également organisée au même endroit le même jour par les agriculteurs . Cette fois là pas de heurts mais la lutte est loin d’être terminée.

Surfrider déplore le manque d’action de l’Etat

Pour Surfrider les causes des marées vertes sont claires et l’élevage intensif à travers le modèle agricole actuel est responsable de cet état de fait. L’Etat doit effectivement prendre ses responsabilités. Malheureusement, le plan algues vertes proposait en 2010 n’est clairement pas suffisant. Il existe certes un volet curatif avec des innovations intéressantes, telles que la méthanisation. En revanche,  les actions de prévention  nécessaires pour limiter l’excédent de nitrates dans les eaux sont inappliquées voire inexistantes.

Depuis peu, le bureau breton de Surfrider travaille à la mise en place d’une stratégie pour contribuer à la lutte contre les algues vertes. En tant que représentants des pratiquants d’activités nautiques nous ne pouvons plus rester inactifs face aux fermetures répétées des plages bretonnes et au danger encouru par les usagers lorsqu’ils fréquentent les plages souillées d’algues vertes. Afin que tout un chacun puisse conserver son droit de jouir librement des plages, des vagues et du littoral, Surfrider livrera prochainement sa stratégie.