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Un pas de plus vers un traité international sur le plastique

Se rapproche-t-on d’une réglementation globale sur le plastique ?

La 5e Assemblée des Nations unies pour l’Environnement (ANUE) s’est réunie pour une seconde fois du 28 février au 2 mars 2022. Sur la table des discussions de ces trois derniers jours : la création d’un comité qui s’occupera de la rédaction du traité international sur le plastique pour 2024.

UN MOMENT DÉCISIF

Les contours de ce traité mondial sur la pollution plastique étaient déjà en discussion lors des précédentes réunions de cette Assemblée. Pourtant il semble aujourd’hui à portée de main. En effet, avec l’adoption d’un mandat ambitieux de négociation, un pas de plus a été fait vers l’adoption d’un traité sur le plastique.

Depuis de nombreuses années, Surfrider Europe, au sein de la coalition Break Free From Plastic, plaide et interpelle les décideurs pour qu’ils appuient urgemment l’adoption de cet instrument global. Les textes actuels sur la pollution plastique sont trop fragmentés, ne la traitent pas dans son ensemble et ne s’attaquent pas à tous ses impacts. Il n’est plus possible de se contenter de demi-mesures face à l’urgence de la crise plastique. C’est pourquoi un processus complet doit être engagé pour lutter de manière globale contre cette pollution. Par global, on entend sur l’ensemble du cycle de vie du plastique, et non pas uniquement sa fin de vie.

Grâce à cet évènement décisif, un traité international sur le plastique, pour en réglementer la production et les usages, pourra voir le jour à l’horizon 2024. Le mandat de négociations approuvé donne un cadre propice pour des mesures efficaces et ambitieuses. Il était déterminant puisque ce dernier est venu définir les négociations futures sur le plastique, qui aboutiront donc à un traité sur le plastique, chose inédite.

LE FLÉAU PLASTIQUE EN CHIFFRES

Avec 400 millions de tonnes de plastiques produites chaque année, et des prévisions affolantes estimant une multiplication par 4 de ce chiffre d’ici 2050, la courbe grimpante de production du plastique ne semble pas prête de diminuer.

« On parle véritablement de crise plastique, comme on peut parler de crise climatique »

Gaelle Haut, EU Affairs Project Manager chez Surfrider Europe

Le plastique s’immisce dans tous les aspects de nos vies, dans l’océan ce sont 12 millions de tonnes qui s’y déversent chaque année. Les impacts sur la biodiversité et les espèces marines que l’on peut observer sont alarmants : On estime que 90 % des oiseaux de mer ont des fragments de plastique dans l’estomac. La faune marine est directement victime de la pollution plastique, les déchets confondus avec de la nourriture sont ingérés, tandis que d’autres comme les filets de pêches abandonnés vont les entraver.

On retrouve du plastique dans notre air, notre eau et notre assiette, nous sommes en contact de manière quotidienne avec les plastiques, mais à quel prix ?

Déjà fortement imprégnés de produits chimiques toxiques, les plastiques ont en plus la capacité d’en absorber. Cette pollution chimique laisse des traces, traces que l’on peut retrouver dans nos organismes.

LIMITER NOS USAGES DU PLASTIQUE

Surfrider Europe interpelle les décideurs pour qu’ils adoptent des mesures qui aillent à la source même du problème en réduisant notre production et notre consommation de plastique, plus particulièrement ceux à usage unique et ceux superflus. Il ne s’agit pas de s’attaquer uniquement à la pollution en elle-même mais au stock de plastique et de traiter ses impacts sur l’océan mais aussi sur la biodiversité, les habitats, le climat, la santé- sur l’ensemble de son cycle de vie.

Aujourd’hui il manque un instrument global pour répondre à cet enjeu crucial, c’est pourquoi Surfrider Europe se réjouit des victoires d’aujourd’hui : l’adoption du mandat de négociation pour un comité qui définira le contenu d’un traité sur le plastique.

Le plastique a un impact tout au long de son cycle de vie, de l’extraction des matières premières jusqu’à sa fin de vie, adopter des mesures contraignantes permettrait d’en diminuer les effets néfastes.

L’application du principe de pollueur-payeur fait partie de ces mesures : pour que soient reconnues les responsabilités de la pollution liées aux activités des pollueurs, et pour que ceux-ci assument le coût de la pollution, de ses impacts et y mettent fin. Cela implique la reconnaissance et son inscription dans les textes de la responsabilité élargie du producteur qui prend en compte toutes les externalités négatives de leurs produits.

Ainsi il est possible d’espérer dans un futur proche une réduction drastique de notre production et utilisation de plastique pour réduire les impacts dévastateurs avérés qu’ils impliquent. Ce changement sera possible sous l’impulsion des Etats et de la société civile qui appelle à l’action depuis plus de 30 ans.

Cette victoire signe une grande avancée, mais des négociations ambitieuses doivent se poursuivre pour un avenir qui ne sera pas construit sur des fondations plastiques.


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