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Piscines à vagues artificielles sur le littoral : une incohérence qui frôle l’absurde

C’est dans la ville de Saint-Jean-de-Luz (Pays Basque, France), que l’entreprise Boardriders (Billabong, Quiksilver, Roxy…) a mandaté la société Wavegarden pour implanter son nouveau projet de piscines à vagues. Un complexe de loisirs de 7 hectares à vocation touristique et commerciale, qui serait construit juste derrière le siège européen du groupe. En juin dernier, Surfrider Europe se positionnait contre les surf parks et aujourd’hui encore, l’association réaffirme un positionnement en ce sens et engage une action Coastal Defenders contre ce projet.  

Quel coût pour l’environnement ?  

Dans un premier temps, il est évident que ce projet est d’une incohérence totale par rapport aux enjeux écologiques auxquels nous faisons face aujourd’hui.  

En effet, ce complexe comprendrait un bassin de 155 mètres de long, rempli d’un volume d’eau équivalent à 15 piscines olympiques, mais aussi des boutiques, bars, restaurants et un hôtel, entre autres infrastructures bétonnées construites en détruisant une prairie et une forêt naturelle centenaire. Artificialisation des sols, atteinte à la biodiversité, consommation d’eau et d’énergie démesurées, contribution au réchauffement climatique… Le jeu en vaut-il la chandelle ? Certainement pas. 

© Yann Renauld 

La pression exercée par l’Humanité sur les écosystèmes est déjà bien trop forte et n’a fait qu’accélérer ces dernières années. Pourquoi ne pas plutôt essayer, pour une fois, d’inverser la tendance ou tout au moins de préserver les espaces naturels existants ? 

Un projet à l’encontre des valeurs du surf  

« La passion qui nous anime est avant tout un état d’esprit, une manière d’être à la vie comme nous sommes à l’eau, à l’écoute des éléments pour cueillir les vagues à l’endroit et au moment où elles se présentent, dans un esprit d’humilité, respectueux de cet environnement. »  

Comme Léa Brassy, les plus grand.es surfeur.ses vous le diront, le surf, c’est avant tout une connexion avec la nature. C’est elle qui décide, qui écrit au jour le jour le cours de l’histoire de ce sport si jouissif. Apprendre à lire les vagues, attendre celle qui sera la bonne, affronter leur puissance, sentir l’odeur de l’eau salée tout en respectant les êtres vivants qui peuplent cet univers… C’est cela le surf ! Rien à voir, donc, avec les vagues javellisées déclenchées par ordinateur dans les surf parks.  

D’autant plus absurde quand on sait que cette piscine à vagues artificielles serait située à 1,5 km de l’océan, que le Pays Basque regorge de spots de surf pour tous les niveaux et profite toute l’année des meilleures houles d’Europe.  

Aujourd’hui, surfer des vagues naturelles est gratuit. Quelle que soit la durée passée dans l’eau, surfer dans l’océan n’engendre aucun coût supplémentaire à celui du matériel. Or, une session dans une piscine à vagues, c’est un prix moyen constaté de 60€ par heure, ce qui le transforme en un sport presque élitiste, très loin donc, de son ADN.  

Quand l’union fait la force  

Face à ce projet contre nature, c’est dans un premier temps le groupe Herri Berri des élus d’opposition à la mairie de Saint-Jean-de-Luz qui a décidé d’agir en lançant une pétition ayant déjà réuni plusieurs dizaines de milliers de signataires. Le mouvement lancé pour contrer le projet est maintenant coordonné par le collectif citoyen Rame pour ta Planète associé à l’antenne Surfrider Côte Basque.  

Pour cela, un travail précis et argumenté a été réalisé et publié sur le site www.stop-surf-park-saint-jean-de-luz.com afin d’expliquer les « 24 raisons de dire non au projet de surf park de Saint-Jean-de-Luz ». Léa Brassy, surfeuse et waterwoman éco-engagée, a quant à elle rédigé une tribune pour dire « Non, pas en mon nom », déjà signée par les grands noms du surf français et par des milliers d’amoureux de l’océan. 

Aujourd’hui, Surfrider Foundation Europe s’engage davantage dans ce combat en ouvrant un dossier Coastal Defenders et en mettant à disposition sa communauté d’experts, d’adhérents et de bénévoles pour empêcher la construction de ce complexe.  

Par cet engagement au niveau local, l’association souhaite montrer qu’elle ne soutient aucun des projets de ce type sur l’ensemble de son territoire d’action et qu’elle continuera de défendre l’environnement, peu importe ceux qui s’y opposent.   

Non, la motivation économique ne doit pas l’emporter. Le surf ne doit pas perdre sa magie, encore moins au détriment d’une nature qui lui a donné naissance. Il n’est pas trop tard pour agir, une fois encore, faisons entendre la voix de l’océan et tout ce qu’elle a de plus puissant.  

Le projet à l’arrêt 

Si le projet du surf park de Saint-Jean-de-Luz est aujourd’hui « stoppé » parce que l’entreprise Boardriders a « d’autres priorités » (source Mediabask), les associations mobilisées restent vigilantes. En effet, si le bon sens l’a finalement emporté face à une initiative insensée sur tous les plans, il n’est pas question de mettre « du béton à la place du béton ». Les membres du collectif Rame pour ta Planète et de l’antenne Côte Basque de Surfrider Europe resteront mobilisé·es jusqu’à obtenir la preuve que le terrain concerné garde sa vocation naturelle et/ou agricole. Un projet de ferme pédagogique a notamment été proposé. La contestation du projet de surf park doit avoir une issue positive et déboucher sur un projet au service des habitant·es de Saint-Jean-de-Luz.