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16 000 de perdus, trop peu de retrouvés : le drame des conteneurs

Ces dernières semaines, les plages de Guernesey ont vu déferler sur leurs côtes brosses à dents, démaquillants et désodorisants. Trop souvent passée sous silence, la problématique des conteneurs perdus en mer a pourtant des impacts bien réels. Les habitants de îles anglo-normandes dans la Manche l’ont constaté début mars lorsque se sont échoués des produits d’hygiènes ou encore des bouteilles en plastique.



A la recherche des conteneurs perdus

Les pertes de conteneurs ne sont pas des cas isolés, rien qu’au cours des dernières semaines, les catastrophes s’enchaînent. Lidl, Volkswagen, ou Avant, toutes ces marques ont en commun d’avoir des conteneurs disparus en mer. Même si les marques ne sont pas directement responsables de la chute des conteneurs, elles ont la responsabilité du choix de l’armateur plus ou moins respectueux et vigilent en matière de sécurité maritime.

Actuellement, cette pollution est trop passée sous silence à cause de normes internationales peu contraignantes. L’exemple du Felicity Ace parle de lui-même : des voitures de luxe ont été perdues en mer au large des Açores, dans les eaux internationales, rendant toute action en justice difficile voire impossible.

Pourtant, il est dur d’ignorer l’impact environnemental d’un tel drame. Fioul, gazole, batteries, lithium tous ces composants sont directement libérés dans l’Océan. Les opérations de localisations et de récupérations sont extrêmement coûteuses et parfois non concluantes. C’est pourquoi il faut agir en amont en renforçant le cadre législatif autour des transports de marchandises par cargo.

Vers une réglementation uniforme du transport maritime

Des avancées majeures se dessinent pour réglementer la perte de conteneurs. L’UE a soumis à l’Organisation Maritime Internationale (OMI) une demande de standardisation des déclarations de perte de conteneurs se calquant sur le modèle européen plus en avance en termes de sécurité maritime.

Mais concrètement qu’est-ce que cela signifie ?

Si cette modification est adoptée d’ici l’automne prochain, cela permettrait à terme d’obtenir des données uniformes et accessibles sur les pertes de conteneurs. L’Union Européenne en s’exprimant d’une voix propose un modèle déjà établi en Europe qui obligerait les armateurs à déclarer leurs pertes. Aussi bien sur les circonstances de la perte en elle-même que le contenu transporté.

Ainsi, une transparence des données pourrait s’établir et permettre de lever le voile opaque et limitant du manque de législation actuel.

L’UE représente 40% de la flotte mondiale, en soumettant cette proposition, c’est un grand pas qui est fait vers une réglementation globale et plus ambitieuse sur le transport maritime de marchandises.

Surfrider Europe souhaite aller encore plus loin

Surfrider salue l’avancée de l’OMI, mais cela reste encore insuffisant comme nous le précisions déjà notre rapport dédié de 2018. L’objectif est d’agir en amont afin de réellement encourager les armateurs à prévenir tout risque et d’éviter ainsi tous les impacts négatifs liés aux disparitions de conteneurs, aussi bien sur l’environnement que la santé humaine.

Ces 10 recommandations s’articulent autour d’un renforcement du cadre législatif international actuel pour permettre d’anticiper les accidents.

Un statut juridique clair, un respect des normes en termes de chargement, d’attache des conteneurs ou encore une mise hors service progressifs de cargos trop anciens nous conduirait vers une réduction drastique des pertes de conteneurs.

Ces pertes sont évitables, c’est pourquoi Surfrider Europe souhaite que les gouvernements se positionnent clairement pour traiter à la source ce problème qui est loin d’être mineur ou anodin.

Lire le Rapport