
Ce n’est plus un secret pour personne, l’Espagne a plutôt mal traversé la crise économique. Quand les gens découvrent que je vis à Barcelone, voila l’une des questions à laquelle je suis régulièrement confrontée : “A quoi voit-on que le pays est en crise ?”.
Comment ? La neuvième économie mondiale a connu une crise immobilière sans précédent (même plus importante que celle ayant touché les Etats-Unis), avec environ 800 000 maisons invendues et 11% du PIB de l’Espagne correspondant à l’endettement public. Si vous y ajoutez l’endettement privé, cela correspond à 232% du PIB du pays. Le taux de chômage quand à lui s’élève à 20%, en raison des lois strictes qui ont été mises en place et qui rendent l’embauche de nouveaux salariés très couteux pour l’entreprise.
L’avenir n’est donc pas tout rose et on n’aurait pas été surpris de voir le pays hiberner, laisser ses plaies se cicatriser puis réapparaitre lorsque tout irait mieux.
Mais au contraire, on a vu l’Espagne prendre une place primordiale dans plusieurs domaines, notamment à Wimbledon, lors de la Coupe du Monde de football ou encore se placer comme leader dans l’énergie solaire.
Autant que je sache, l’Espagne tente de se ressaisir sur tous les fronts. D’ailleurs, on pourrait dire que le slogan local du moment serait “La crise ? quelle crise?”.
Une nouvelle Espagne verte
1. La production d’énergie solaire :
La production d’énergie solaire de l’Espagne est aujourd’hui équivalente à la production d’une centrale nucléaire, grâce notamment à La Florida, la plus grande usine d’énergie solaire au monde. En effet, avec une production de 432MW, l’Espagne a pris le premier rang mondial dans l’énergie solaire, devant les Etats Unis qui occupent la seconde place.
Avec une moyenne de 340 jours de soleil par an en Espagne, l’énergie solaire est désormais une des énergies les plus fiables. A tel point qu’il ne serait pas étonnant de voir le pays s’orienter vers un appauvrissement de la production de gaz et un vieillissement des centrales nucléaires pour laisser place à l’énergie solaire.
2. La production d’énergie éolienne :
Grâce à sa situation géographique offrant d’importantes chaines de montagnes, l’Espagne est le 4ème plus gros producteur d’énergie éolienne. En effet, environ 20% de la capacité totale d’énergie du pays (soit 93,215 MW) provient de l’énergie éolienne.
Avec sa première place au rang mondial de l’énergie solaire et son honorable position dans l’énergie éolienne, il n’est pas surprenant de voir que l’Espagne prévoit de réunir 23% de la demande totale d’énergie et de générer 40% de son électricité sans émettre de dioxyde de carbone d’ici 2020.
Ces ambitions dépassent même celles des Etats-Unis, qui prévoient de produire 20% d’énergie provenant des renouvelables d’ici la fin de la décennie.
Quelques chiffres : avec l’utilisation de la plus grande centrale solaire mondiale, l’énergie solaire devrait augmenter de 4,7 Gigawatts à 13,4 Gigawatts.
L’énergie éolienne devrait elle doubler, en passant de 20,2 GW à 38 GW, dont environ 3 Gigawatts qui proviendront de la création de nouveaux parcs éoliens off shore. C’est énorme !
3. Ciudades por los Bosques :
L’Espagne a décidé de rejoindre le combat des associations environnementales WWF Global Forest et Trade Network afin de promouvoir une gestion des forêts et un commerce responsable en se concentrant sur la promotion d’actions publiques responsables.
La campagne “Ciuadades por los Bosques” a été mise en place sur des villes de plus de 20 000 habitants et permet de mesurer leur niveau de comportement responsable à l’égard de la gestion des forêts.
« Notre objectif est de réunir le maximum de villes sur ce projet afin de faire de l’Espagne un leader dans la consommation responsable de produits forestiers, et même aller jusqu’à la promotion par notre pays de l’instauration d’une législation européenne en la matière. Les marchés publics sont le meilleur moyen d’influencer le marché forestier. En outre, il est évident que les gouvernements ne peuvent pas se permettre d’être impliqués dans une destruction des espaces boisés et des forêts qui serait due à l’un de leur achats » a confié Juan Carlos del Olmo, directeur de l’association WWF Espagne.
Comme un taureau qui aurait vu rouge, l’Espagne, malgré les difficultés qu’elle a traversées en 2010, a trouvé un moyen de célébrer quelque chose et permis à ses citoyens d’être fiers de leurs pays. Je n’en attendais pas moins !
Auteur : Allison Sparrow, Antenne Surfrider Barcelone
Traduction: Elodie Melenec, Assistante Juridique/Lobbying