Algues vertes en Bretagne: récit d’une lutte inachevée

La plage de Moulin Blanc, en Bretagne, sous les algues. crédit: Marie Amélie Neollier


Malgré la mise en place d’un Plan régional de lutte contre les algues vertes, ces dernières continuent à proliférer sur les côtes bretonnes confrontant ainsi, élus, citoyens et associations de protection de l’environnement à deux tristes réalités. Primo, aucune solution miracle n’a pu être proposée pour lutter efficacement contre ce fléau et secundo, les algues constituent un risque important pour la santé.

Les sites les plus touchés

C’est dans le Finistère et les Côtes d’Armor que l’on retrouve les sites les plus touchés par les marées vertes. Les baies de Lannion, Saint-Brieuc ou de Douarnenez sont aujourd’hui tristement réputées en raison de ce phénomène. Ces baies semi ouvertes sont des zones à risque car elles sont souvent pourvues d’un ou plusieurs cours d’eau qui ne cessent d’alimenter les algues en azote et en phosphore. En effet,  ulva armorica et ulva rotundata naissent d’apports trop importants de ces deux éléments. L’agriculture, via l’épandage de lisier, l’utilisation importante d’engrais (nitrates) ou encore l’élevage intensif sont les premiers coupables de ces apports polluants.

Une vieille histoire

Bien que l’on constate la présence d’algues vertes, sans en ignorer les causes, depuis la fin des années 1960, aucune réelle prévention n’a été mise en place. Les autorités n’ont pu que constater que les algues tuent : décès d’un cheval et malaise de son cavalier, suivis par le décès d’un ouvrier, Monsieur Morfoisse,  chargé du ramassage des algues dans les Côtes d’Armor en 2009,

En effet, lorsqu’elles sont échouées et les algues se dégradent, entrainant la composition d’un gaz dangereux, l’hydrogène sulfuré, qui constitue un risque non négligeable pour les êtres vivants, comme l’a notamment démontré le Docteur Claude Lesné du Département de Santé publique de l’Université de Rennes.

Que faire pour lutter contre le fléau des algues vertes?

Il existe aujourd’hui des propositions concernant de nouvelles techniques de ramassage, de valorisation et de traitement… Chaluter, ratisser, pour ensuite créer du biocarburant ou de l’énergie, méthaniser les fumiers et les lisiers excédentaires pour accroitre la maitrise énergétique des exploitations.  Tout cela reste certes positif mais ne résout pas le problème. Il faut traiter le problème à la source et ce ne sont pas les  nombreuses autorisations d’extension d’élevage accordées par les autorités tous les mois en Bretagne  qui contribueront à limiter « le fléau vert » !

Les associations bretonnes de protection de l’environnement telle qu’Eau et Rivières de Bretagne, auxquelles Surfrider Foundation se joint, mais également les citoyens, les élus, ne sont actuellement pas satisfaits des mesures prises par l’Etat. Le poids économique des lobbys agricoles et les héritages bretons en termes de gestion de l’espace agricole ralentissent l’émergence de solutions durables et adaptées pour lutter contre ce phénomène.

Les algues vertes nous rappellent tristement que l’on ne peut polluer indéfiniment notre environnement impunément et nous attendons que les millions d’euros investis dans cette lutte donnent de vrais résultats…

Marie-Amélie Néollier, Surfrider Foundation Europe

Chargée de mission environnement Bretagne

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